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Mon enfant est témoin

Mise à jour le 14 avril 2022

Votre situation

Votre enfant est témoin d’une situation de harcèlement ? Il/elle vous en a simplement parlé ou a explicitement sollicité votre aide ? Vous vous interrogez sur ce que vous pouvez faire sans pour autant trahir sa confiance ?

Le harcèlement est une très grande souffrance pour l’enfant qui le subit et peut avoir des conséquences graves sur sa santé physique et mentale, à court terme comme à long terme. Il est important de ne pas nier ou sous-estimer une situation de harcèlement et d’intervenir le plus tôt possible pour que la souffrance ne s’ancre pas trop profondément. Parler du harcèlement, c’est empêcher qu’il ne touche d’autres enfants ou votre enfant.

Cette fiche détaille les différentes formes de harcèlement, vous donne des informations sur la façon dont vous pouvez venir en aide à l’enfant victime et rappelle ce que la loi prévoit en cas de harcèlement.

Qu’est-ce que le harcèlement ?

Le harcèlement est l’accumulation et la répétition d’une série de « petits » incidents qui, à la longue, finissent par user la victime (moqueries, humiliations, gestes déplacés, menaces…). Il est donc parfois très difficile de le distinguer d’une simple dispute entre enfants.

On parle de harcèlement lorsque les violences sont répétitives, infligées dans l’intention de nuire et que la victime est dans l’incapacité de se défendre.

Qu’entend-t-on par « incapacité de se défendre » ? Il est fréquent que le(s) auteur(s) de harcèlement installe(nt) une relation de domination collective sur la victime en faisant des témoins les complices de la situation. Dans ce cas, la victime ne trouve ni empathie, ni réconfort chez ses camarades et se retrouve seule et sans défense.

Certains comportements peuvent être les signes qu’un(e) enfant se fait harceler. Soyez attentif(ve) à ce que vous voyez ou à ce que votre enfant vous raconte. Si l’un€ de ses camarades cherche toujours la compagnie des adultes, qu’il/elle demande souvent à ne pas aller en récréation, qu’il/elle tente d’éviter à tout prix le chemin de l’école, que ses fournitures scolaires sont régulièrement détruites… c’est peut-être qu’il/elle est victime de harcèlement.

Le harcèlement peut survenir à n’importe quel âge et dans n’importe quel milieu social. Selon les projections du ministère de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, il y aurait 700 000 élèves harcelés en France et plus d’un(e) élève sur 10 à l’école et au collège. Le harcèlement n’est donc pas un phénomène ne concernant que les adolescents et les quartiers sensibles.

Les différentes formes de harcèlement

Le harcèlement se manifeste sous de multiples formes et, le plus souvent, sous plusieurs formes en même temps.

Nous vous proposons ci-dessous une catégorisation des différentes formes de harcèlement qui pourra peut-être vous aidez à clarifier votre situation :

  • le harcèlement d’appropriation : le vol d’argent, d’affaires, de goûter, etc. ;
  • le harcèlement physique : les coups, les bousculades, les griffures, les morsures, les séquestrations (dans les toilettes par exemple), etc. ;
  • le harcèlement psychologique : mise à l’écart et rejet (refus de jouer, de travailler ou de manger avec un autre enfant), refus de choisir l’élève dans la création des équipes pendant le cours de sport, accusation d’une chose qui n’a pas été commise, etc. ;
  • le harcèlement verbal : moqueries, surnoms méchants, insultes et menaces ;
  • le harcèlement sexuel : tenir des propos à caractère sexuel, embrasser, déshabiller ou toucher un autre enfant contre sa volonté…

Le cyber-harcèlement

On parle de cyber-harcèlement lorsque les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication), telles qu’Internet, les smartphones ou les réseaux sociaux, deviennent des instruments de harcèlement.

L’enfant victime de harcèlement peut être inondé(e) de contenus malveillants visibles par tous (des photos humiliantes, des vidéos dégradantes, des commentaires moqueurs, des messages menaçants, des rumeurs blessantes…) ou apprendre que les autres ont accès à ces contenus que lui/elle-même ne possède pas. Les contenus se répandent très rapidement car les informations s’échangent instantanément en circulant de portable en portable, par exemple.

Le cyber-harcèlement est dangereux car ses proportions sont complètements démesurées : il est massif et permanent. Les victimes sont sous pression continuellement (la nuit, le week-end, en vacances) et n’ont plus de lieu de refuge.

En tant que parent, vous avez un rôle à jouer dans l’enseignement de l’usage d’Internet afin de prévenir votre enfant des dangers du cyber-harcèlement. Il est important que les jeunes connaissent les bonnes pratiques sur Internet pour qu’ils sachent se protéger et agir contre le cyber-harcèlement.

Quelques idées reçues sur le harcèlement

Les deux idées reçues ci-après ont été formulés à partir de deux des avis d’experts publiés sur le site Non au harcèlement.
  • « Un enfant se fait harceler parce qu’il est différent »

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il n’y a pas de profil-type de victime. Ce n’est pas parce qu’un(e) enfant est trop gros(se), trop grand(e), roux ou rousse, mal habillé(e)… qu’il/elle est harcelé(e). Tous les enfants peuvent être victimes de harcèlement. C’est avant tout parce que l’élève qui harcèle sent une certaine vulnérabilité chez sa victime qu’il/elle décide de la malmener. C’est seulement dans un second temps qu’il/elle se saisit d’une particularité (l’apparence physique, le sexe, l’identité sexuelle, l’orientation sexuelle réelle ou supposée, un handicap…) pour accentuer cette vulnérabilité.

  • « Les enfants harceleurs ont un problème psychologique ou une mauvaise éducation »

Tout comme il n’y a pas de profil de victime, il n’y a pas de profil d’enfant harceleur. Les raisons pour lesquelles un enfant harcèle peuvent être variées et n’ont que très rarement un lien avec l’éducation ou un problème pathologique. Dans la majorité des cas, l’enfant harcèle par peur d’être seul(e) ou rejeté(e) du groupe, ou encore parce qu’il/elle a été blessé(e) et qu’il/elle a besoin de faire ressortir cette blessure intérieure. Les cas où l’enfant qui harcèle présente des troubles de la personnalité sont très minoritaires.

Les conséquences du harcèlement

Le harcèlement est une très grande souffrance pour celui qui le subit et ses conséquences peuvent être très graves.

L’enfant qui en est la victime perd son estime de soi ainsi que sa confiance en les autres. Il/elle s’isole et se renferme pour fuir les humiliations, et parfois évite l’école, multiplie les absences pour maladie ou sèche les cours. Il/elle est alors en situation de décrochage scolaire, ce qui, à terme, peut compromettre son avenir professionnel. Le harcèlement peut également entraîner un état dépressif chez l’enfant victime qui peut s’accompagner de troubles (anorexie, insomnie, état léthargique…), de conduites auto-agressives (mutilations, scarifications…) ou, dans les cas les plus graves, de comportements suicidaires.

Mais les conséquences du harcèlement n’impactent pas uniquement la victime. Les témoins peuvent ressentir de la culpabilité pour ne pas avoir réagi, avoir peur de devenir victime à leur tour ou adopter un comportement violent pour se protéger…

Le harcèlement déstabilise l’ensemble du groupe et ses conséquences peuvent être traumatiques pour tout le monde, c’est pourquoi il est essentiel de ne pas laisser la situation s’ancrer.

Le rôle des témoins

Le harcèlement scolaire est presque toujours un phénomène de groupe, qui se base sur une relation triangulaire entre l’élève qui harcèle, la victime et les témoins.

L’élève harceleur(euse) a besoin des témoins pour installer une domination collective sur la victime et, de ce fait, se sentir validé(e) par le groupe. Les témoins jouent donc un rôle tout à fait déterminant au sein du processus de harcèlement et sont rarement indifférents à ce qu’il se passe.

Lors d’une scène de harcèlement, les témoins peuvent être impliqués de différentes manières. On distingue trois positions qu’ils peuvent adopter :

  • les témoins actifs : ils participent de manière indirecte au harcèlement en riant, en encourageant, en relayant les moqueries ou tout simplement en s’attroupant autour de la scène pour y assister. Ils agissent ainsi pour s’intégrer au groupe et ne pas se sentir à l’écart ;
  • les témoins passifs : ils restent en retrait de la scène. Le plus souvent, ils n’approuvent pas ce qu’ils voient mais laissent faire par peur de devenir à leur tour la cible ;
  • les opposants : ils prennent position en faveur de la victime soit en intervenant directement pour la défendre, soit en lui apportant soutien et réconfort après coup.

Que faire contre le harcèlement ?

Signaler la situation

Vous devez absolument signaler la situation :

  • soit à un membre de l’établissement (le/la directeur(trice) ou le/la chef(fe) d’établissement, le/la conseiller(ère) principal(e) d’éducation, un(e) professeur(e)…).
  • soit à un(e) délégué(e) des parents d’élèves de la classe ou un(e) représentant(e) d’une association de parents d’élèves de l’établissement. Cela peut notamment permettre de sensibiliser d’autres parents.

Surtout ne tentez pas de régler le problème seul(e) en allant voir les parents de l’enfant qui harcèle ou l’enfant victime lui-même. La présence d’une personne extérieure est toujours nécessaire pour venir à bout d’un conflit et éviter les tensions entre familles et entre enfants.

L’association Colosse aux pieds d’argile a également mis en place une plateforme qui vous permet de signaler des conduites ou des situations de faits de violences (violences sexuelles, harcèlement, bizutage etc.) dont vous avez eu connaissance ou dont vous avez été témoin. Votre signalement ne pourra pas rester anonyme, en revanche votre identité pourra rester confidentielle tout au long de la procédure. Pour effectuer votre signalement, rendez-vous sur ce lien.

Mettez par écrit le témoignage de votre enfant

Dans tous les cas, discutez avec votre enfant pour tenter de savoir le plus précisément possible quelle est la situation, et mettez par écrit :

  • qui sont les personnes présentes : le(s) auteur(s) de harcèlement, la ou les victime(s), qui sont le(s) témoin(s) ;
  • quels sont les faits (y compris les petits incidents) ;
  • quand ont-ils eu lieu : la date, l’heure et les répétitions ;
  • quelles ont été les réactions : de l’enfant harcelé(e) face à la situation, des témoins (ont-ils encouragé la situation ou non, par exemple)…

Si l’enfant est victime de harcèlement sur les réseaux sociaux ou par messages et que vous pouvez conserver des preuves (captures d’écran, enregistrement des messages…), faites-le. Si les responsables du harcèlement sont des camarades d’école de l’enfant, vous pouvez vous faire aider par d’autres parents d’élèves.

Demander à l'école ou l'établissement de mettre en place des actions de prévention

Les actions de prévention sont un bon moyen de lutter contre le harcèlement. Vous pouvez donc  aussi vous renseigner sur ce qu’il est possible de développer dans l’établissement de votre enfant, en partenariat avec les parents d’élèves et l’équipe pédagogique. Voici quelques idées : le prix « non au harcèlement », le dispositif « ambassadeurs lycéens », les interventions sur les bons usages d’Internet et sur les risques comme le cyber-harcèlement, le cyber-sexisme et les autres formes de cyber-violence réalisées par l’association e-Enfance.

Appeler un numéro d'aide

NON AU HARCÈLEMENT

En appelant le 3020, vous serez mis en contact avec des conseillers spécialisés dans la question du harcèlement. Ils vous écouteront et vous aideront à trouver une solution. N’hésitez pas, c’est gratuit, anonyme et confidentiel (du lundi au vendredi de 9h à 18h, sauf les jours fériés).

 

LE 3018

Si le harcèlement a lieu sur Internet ou par téléphone, vous pouvez vous adresser au  dispositif national contre les violences numériques. Accessible soit par téléphone au 3018 ou en téléchargeant directement l’application 3018, soit par tchat en direct sur 3018.fr via Messenger ou WhatsApp, ce service gratuit est disponible du lundi au samedi, de 9h à 20h. Des conseillers répondront à toutes vos questions de façon totalement anonyme et confidentielle.

Ce que disent les droits de l’enfant et la loi

Les droits de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE)

Articles 2, 3 et 28 de la CIDE :

Articles 2 et 3 : tous les enfants du monde sont égaux et doivent être protégés contre la violence, la maltraitance et la discrimination.

Article 28 : tout enfant doit pouvoir bénéficier de la même instruction et pouvoir aller à l’école dans un environnement favorable à son apprentissage.

Le harcèlement est interdit et puni par la loi

Le Code pénal interdit toutes les formes de harcèlement, qu’elles aient lieu par téléphone, par message, à l’école ou dans tout autre lieu, qu’elles soient physiques, sexuelles ou psychologiques (article 222-33-2-2 du Code pénal).

Les menaces de mort et les incitations au suicide sont également interdites (articles 223-13 et 222-17 du Code pénal).

Les auteurs de harcèlement scolaire tombent désormais sous la qualification de délit avec la nouvelle loi votée le 24 février 2022. Près d’un élève sur dix est concerné par le harcèlement scolaire. Les personnes reconnues coupables de harcèlement sont passibles :

  • De 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende lorsque les faits auront entraîné une incapacité totale de travail (ITT) inférieure ou égale à huit jours. La mesure sera durcie si l’ITT excède 8 jours ;
  • Jusqu’à de 10 ans de prison et de 150 000 euros d’amende en cas de suicide ou de tentative de suicide de la victime harcelée.

L’obligation de signaler un(e) enfant en danger

En cas de harcèlement, la loi oblige à intervenir. Toute personne, même couverte par le secret professionnel, ayant eu connaissance d'atteintes sexuelles, ou de violences (physiques ou psychologique) infligées à un(e) mineur(e), s'expose à des sanctions pénales si elle n'en informe pas les autorités judiciaires ou administratives.

La peine encourue est de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende, si la victime a moins de 15 ans la peine encourue est de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000€ d’amende (article 434-3 du Code pénal).

Logo de l'École des Parents et des Éducateurs - Île-de-France

Cette réponse a été rédigée par l’équipe de la Fondation pour l’Enfance, en s’appuyant notamment sur les recommandations établies par le ministère de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. L’École des Parents et des Éducateurs – Île de France, qui opère les appels reçus au 3020, y a aimablement contribué en faisant part de son expertise sur le sujet.