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J’aimerais savoir comment parler de sexualité à mon enfant

Mise à jour le 21 septembre 2020

Votre situation

Votre enfant vous demande comment on fait les bébés ? Les habitudes de votre ado changent et vous pensez qu’un ou une petit.e ami.e est entré.e dans sa vie ? Vous aimeriez savoir comment parler de sexualité à votre enfant, en ayant un discours adapté à son âge, et sans être intrusif.ve ?

Dans cette fiche, nous vous donnerons quelques éléments pour répondre à vos interrogations, ainsi que des bonnes adresses de sites et les contacts des professionnels qui pourront vous aider.

La sexualité dans le développement de l’enfant

La question de la sexualité chez l’enfant apparaît bien avant la puberté ! Le bébé prend plaisir à découvrir son corps dès la naissance : téter le sein de sa mère, sucer son pouce… c’est dans les soins du corps, l’apprentissage de la propreté, la masturbation, les jeux sexuels (le « jeu du docteur », par exemple), que l’enfant découvre le bien-être ainsi que les plaisirs et déplaisirs corporels.

La masturbation se découvre dès les premiers mois de la vie d’un enfant : le bébé s’amuse avec son sexe et éprouve du plaisir. C’est un comportement normal dans le développement de l’enfant, même s’il met les adultes mal à l’aise.

  • Ne cherchez pas à corriger votre enfant, la masturbation n’est pas plus une « mauvaise habitude » qu’elle n’est dangereuse.
  • Ne le/la grondez pas et ne lui faites pas sentir qu’il s’agirait d’une pratique interdite, cela pourrait avoir des répercussions sur l’image de son corps. S’y opposer pourrait l’inciter à utiliser la masturbation comme une méthode de provocation ou le faire culpabiliser en associant le plaisir à l’interdit.
  • Expliquez-lui néanmoins qu’il s’agit d’un acte intime et qu’il ne faut pas le faire devant tout le monde.

Si cette masturbation enfantine est compulsive, il est peut-être nécessaire d’en parler à votre médecin pour vérifier qu’elle n’est pas l’expression de conflits intérieurs chez votre enfant.

L’enfant prend conscience de son identité sexuelle entre 5 et 6 ans, en comparant les caractéristiques de son corps avec celles du corps des autres. C’est à partir de cet âge que l’enfant commence à ressentir de la pudeur, et que la notion d’intimité apparaît.

Les premières questions de l’enfant sur la sexualité se présentent bien avant l’adolescence, quand celui-ci vous dit « faire l’amour » quand il embrasse ses copains ou copines, quand il cherche à toucher les seins des adultes ou à jouer au docteur avec des enfants de son âge. Votre enfant a aussi demander, étant petit.e, “comment on fait les bébés” ou pourquoi la maîtresse a un gros ventre.

A partir de la puberté, les jeunes filles et jeunes garçons tendent à réaffirmer leur identité sexuelle en adoptant des comportements stéréotypés. Cette identité n’est pas innée, elle se met en place pendant les premières années de la vie. Les adolescents semblent très tôt savoir comment faire en matière de séduction et de sexualité, alors qu’ils ont en réalité surtout besoin d’être rassurés sur leur capacité d’être aimés, de plaire, d’entrer en relation avec les autres, d’accéder au plaisir ou de faire des enfants par exemple. La question de la première fois est très importante chez les filles comme les garçons mais c’est un sujet qu’ils vont le plus souvent explorer de manière autonome, parfois secrètement, avec leurs amis, ou en cherchant des informations sur Internet. Parfois un.e autre adulte de l’entourage peut-être aussi une ressource importante, ne le prenez pas comme un désaveu, vous avez également un rôle à jouer :

  • Essayez de mettre des sources d’informations fiables sur leur chemin ou celui de leurs amis car ils ne vous demanderont pas toujours directement de l’aide mais seront toujours intéressés.
  • Rappelez-leur que vous êtes disponibles pour leurs questions ou en cas d’urgence, tout en respectant leur volonté d’autonomie. Et soyez réellement disponible lorsque votre enfant cherche à évoquer ce sujet avec vous.

Durant l’adolescence, votre enfant apprend à connaitre son corps et découvre les plaisirs solitaires. Il est tout à fait naturel pour une jeune fille ou un jeune garçon d’explorer son corps et le plaisir qu’il peut lui procurer.

  • A nouveau, il est important de ne pas le/la culpabiliser quant à ses pratiques.
  • Évitez de vous moquer ou de l’exposer si vous découvrez qu’il/elle a ses pratiques.

Est-il important de parler sexualité à mon enfant ?

La réponse est un grand « OUI ! ». Premièrement parce que votre enfant n’attend pas que vous en parliez pour être confronté.e à des images sexuelles : une scène d’amour pendant un film, une publicité dans la rue ou à la télévision, des discussions dans la cour de récré, des distributeurs de préservatifs ou des magazines pornographiques sur les étalages des magasins de journaux… Ne laissez pas uniquement les ami.e.s de votre enfant se charger à sa place de lui expliquer de quoi est faite la sexualité.

Même si l’enfant dit qu’il/elle « sait », il est important qu’une parole d’adulte soit posée sur ce sujet pour contrer les éventuelles déformations engendrées par l’environnement qui nous entoure. C’est bien entendu essentiel d’adapter votre vocabulaire à l’âge de votre enfant pour éviter l’incompréhension. Karine Grandval, psychothérapeute, explique qu’ « aujourd’hui, les parents ne sont plus ceux qui donnent l’information, mais ceux qui vont l’expliquer. C’est différent, et c’est important de le faire car, quand l’enfant a l’information brute, sans explication, cela peut être choquant à recevoir ».

Les parents se demandent parfois si le fait de parler de sexualité à son ado, c’est l’inciter à avoir des rapports sexuels de manière précoce. A cette question, la sexologue Sophia Lessard répond qu’ « il est démontré que les jeunes qui parlent de sexualité avec leurs parents vivent leurs premières relations sexuelles plus tardivement, sont plus sélectifs dans leurs choix de partenaires et utilisent davantage de moyens de contraception ». A l’inverse, « le parent qui ne discute pas de sexualité proposera indirectement à son enfant de vivre sa sexualité en catimini et en vitesse ».

Bien souvent, les parents pensent que le début de l’adolescence est le moment adéquat pour engager une discussion sur la sexualité, alors qu’en réalité, les enfants se posent des questions depuis bien plus longtemps, et seront donc peut-être moins à l’aise pour en discuter librement avec vous à l’adolescence, période où ils aiment garder une certaine pudeur.

Dès son plus jeune âge, il se peut que votre enfant vous pose des questions sur la sexualité, sans attendre que vous preniez les devants. Tout va se jouer au départ en matière de confiance et de facilité à échanger sur ce sujet. Si votre enfant sent que vous êtes détendu.e et disponible pour en discuter avec lui/elle au moment où le sujet émerge, votre enfant le sera aussi. Sentir qu’il/elle peut en parler librement avec vous lui donnera envie de continuer à se confier à vous concernant sa sexualité. L’important reste de répondre à ses interrogations, même de manière très simple. Par exemple, en lui expliquant que lui/elle aussi « était dans un ventre de femme », que votre enfant est né.e à partir « de la rencontre de deux graines, celle du papa et celle de la maman ». Nul besoin de lui faire un exposé théorique sur la sexualité lorsque les questions seront posées.

Bien souvent, les parents pensent que le début de l’adolescence est le moment adéquat pour engager une discussion sur la sexualité, alors qu’en réalité, les enfants se posent des questions depuis bien plus longtemps, et seront donc peut-être moins à l’aise pour en discuter librement avec vous à l’adolescence, période où ils aiment garder une certaine pudeur. Sauf si, dès son plus jeune âge quand le sujet aura été mis sur le tapis, vous lui avez démontré que vous êtes disponible et à l’aise pour en parler.

Ce que votre adolescent(e) a besoin d’entendre n’est pas uniquement lié à la sexualité, mais aussi à tout ce qui gravite autour : les sentiments, l’amour, les relations amoureuses… Les jeunes sont habitués à ce qu’on leur répète les risques d’IST inhérents aux rapports sexuels non protégés, allant parfois jusqu’à développer des angoisses. La discussion que vous aurez avec votre enfant peut donc être l’occasion de dire que l’amour est un très beau sentiment qui donne des papillons dans le ventre, et que la sexualité est aussi une expression très agréable de cette relation intime entre deux personnes.

Parler de quoi exactement ?

Parler de sexualité, c’est parler du corps, de la puberté et des changements qu’elle entraîne, de la reproduction, de l’orientation sexuelle, du respect de l’autre et des sentiments des deux partenaires, de la contraception, des risques de maladies sexuellement transmissibles, mais aussi prévenir les violences sexuelles en insistant sur l’importance du consentement et sur les gestes inappropriés qui peuvent être posés sur le corps.

Cependant, c’est avant tout écouter ce que votre enfant vous demande la première fois qu’il/elle va aborder le sujet. Lorsqu’il/elle va vous poser une question, dites-vous que votre enfant connaît déjà la réponse mais a besoin d’une confirmation par un.e adulte, notamment durant la petite enfance (jusqu’à l’âge de 6 ans environ). C’est un test de votre capacité de gêne par rapport au sujet mais aussi un test de votre disponibilité pour en discuter ! Dès que votre enfant pose la question de la sexualité, dites-vous qu’il/elle n’est jamais trop petit.e pour connaître la réponse ! N’oubliez pas d’utiliser des mots simples et clairs, pour tenir des propos compréhensibles par votre enfant en fonction de son âge.

Et ces sujets, est-ce que je les connais vraiment bien ? L’ensemble des moyens de contraception, leur accessibilité et leur fiabilité ? Les IST (VIH / SIDA, hépatites, syphilis…) et leur mode de contamination ? La définition du consentement et les types de violences sexuelles ? S’il y a un âge à partir duquel un.e enfant « est en droit » d’avoir une relation sexuelle ? Rendez-vous sur notre fiche sur la sexualité dédiée aux adolescents. Vous y trouverez toutes les informations nécessaires pour aborder les sujets importants, ainsi que des sites et contacts utiles. Vous pouvez également faire lire la fiche en question à votre enfant. Cela permettra de développer une plus grande confiance entre vous.

Parler des IST est important car les adolescents sont plus à même de prendre des risques, afin de répondre à plusieurs de leurs besoins : se distinguer des adultes, apprendre à connaître les limites du pouvoir exercé sur leur corps, renforcer l’estime de soi par la victoire sur la peur et la difficulté, être mieux accepté(e) voire admiré(e) par son groupe d’amis pour son courage… Une grande partie des adolescents est réceptive aux campagnes de sensibilisation sur l’usage du préservatif pour éviter les risques d’IST et utilisera un préservatif lors de leur première relation sexuelle. En revanche, ils le délaissent rapidement par la suite, lorsqu’ils considèrent le temps de l’initiation terminé et qu’ils se projettent dans une sexualité plus « adulte ». Il est important de leur rappeler que les préservatifs s’utilisent à tous les âges, et que les tests de dépistage sont indispensables si l’on souhaite s’en passer au sein d’un couple ! On constate néanmoins que des jeunes qui ont eu des rapports sexuels de manière précoce n’en utilisent pas toujours.

Votre enfant va se poser des questions sur la sexualité et va chercher à en parler aux adultes. Dès 6-7 ans, expliquer à votre fille qu’un jour, elle aura ses règles, ou à votre garçon ce qu’est une érection, que sa verge va grandir et ses testicules aussi (encore une fois, avec beaucoup de simplicité) : c’est important de le faire bien avant que cela n’arrive, vers 6-7 ans à la fin de la petite enfance, pour les y préparer !

Bien entendu, tous ces sujets sont à aborder avec un vocabulaire et un degré de complexité adapté à l’âge de l’enfant. Il n’est pas question de lui créer une source d’angoisse supplémentaire mais de répondre à ses questions, lui donner une vision positive et belle de l’amour et de la sexualité (plaisir, affection, séduction, partage, sentiments, échanges, projets de couple, désir d’enfant…) et de lui inculquer très jeune de bons réflexes pour se protéger.

Comment en parler ?

Vous n’y arrivez pas ? Pas de panique, il n’est pas anormal pour un parent de ne pas savoir comment aborder ce sujet, que votre enfant soit encore petit ou qu’il soit déjà adolescent. Est-ce que je vais trouver les bons mots ? Est-ce que je dois utiliser une métaphore ou nommer clairement les choses ? Comment le sensibiliser à certaines questions sans qu'il le ressente comme une intrusion dans sa sphère intime ? Pas évident de trouver les réponses et d’avoir des interlocuteurs qui peuvent nous guider efficacement.

Si vous vous posez des questions, c’est que vous êtes déjà dans une démarche constructive : vous avez pris conscience qu’il s’agit d’un sujet important qu’il convient aux parents de traiter et d’aborder avec leur enfant.

L’idéal est d’attendre que votre enfant pose lui/elle-même des questions. A l’adolescence, c’est plus complexe. Les jeunes ont besoin d’affirmer leur personnalité qui est en construction, et de se détacher de leurs parents. Une conversation sur la sexualité peut être amenée plus facilement lorsque vous voyez une scène intime dans un film, que vous lisez un article sur le sujet, que vous avez une amie ou une parente qui attend un enfant, que votre fille commence à avoir ses règles ou les seins qui se développent, ou que vous passez devant un distributeur de préservatifs par exemple.

Plusieurs règles sont à respecter quand vous aborderez le sujet :

  • Respectez l’âge et la sensibilité de votre enfant. Pour vous y aider, n’hésitez pas à utiliser un ouvrage qui traite de la sexualité selon les âges de l’enfant. Vous trouverez une bibliographie un peu plus bas.
  • Utilisez les bons mots, mais surtout des mots simples : il est important de nommer les choses par ce qu’elles sont, mais en choisissant des mots qui seront clairs et intelligibles par votre enfant à son âge. Utiliser les mots « scientifiques » comme « verge » ou « vulve » n’est pas nécessaire si vous lui expliquez la sexualité pour la première fois à ses 7 ou 8 ans !
  • Approuvez toujours les questions que peut vous poser votre enfant, en lui disant que c’est une très bonne question et que vous êtes content(e) qu’il vous l’ait posée. En vous montrant à l’aise, votre enfant sentira qu’il peut toujours vous parler de ce sujet, sans craindre votre réaction.
  • Ne riez pas des théories sexuelles que peut formuler votre enfant, c’est souvent un moyen détourné pour vous faire comprendre que quelque chose le ou la tracasse.
  • Soyez simple dans vos réponses pour ne pas donner à votre enfant des explications qu’il/elle n’est pas encore en mesure d’entendre. Afin de savoir quel est le niveau d’information dont il/elle dispose, demandez simplement d’abord « qu’est-ce que tu connais sur ce sujet-là ? » et complétez l’information au fur et à mesure que votre enfant grandit.
  • Ne lui faites pas part de votre vie intime ou de vos pratiques sexuelles, votre enfant n’a pas à les connaître.
  • Restez à l’extérieur de sa sphère intime. Même si vous vous demandez si votre enfant a déjà eu ses premières expériences sexuelles, lui poser la question risquerait de le/la braquer.
  • Ne forcez pas votre enfant à adopter vos valeurs et vos croyances. Il/elle pourrait vouloir les rejeter pour affirmer son indépendance. Expliquez-lui plutôt ce que vous pensez et pourquoi.
  • Dites à votre enfant que vous êtes disponible pour parler du sujet dès qu’il/elle le souhaite (et soyez-le/la quand le(s) moment(s) se présentera(ont) !). Si vous ne savez pas quoi répondre, n’hésitez pas à lui expliquer que vous ne savez pas encore exactement comment formuler votre réponse et que vous allez d’abord vous renseigner ou trouver un endroit où quelqu’un pourra répondre directement à votre enfant. Si certains sujets vous rendent vraiment très mal à l’aise, n’hésitez pas à emprunter ou acheter un ouvrage sur la sexualité expliquée aux enfants ou aux adolescents.

Si vous sentez une gêne importante de la part de votre enfant, ne le forcez pas à avoir une discussion. Acceptez son malaise sans vous vexer et dites-lui qu’il peut en parler avec son autre parent, un autre adulte en qui il a confiance, un(e) gynécologue, son médecin traitant… en lui précisant que vous restez disponible pour en discuter. Vous pouvez également déposer dans sa chambre un livre qui explique la sexualité aux jeunes. De cette manière, il pourra trouver des réponses de qualité à ses questions sans être mal à l’aise.

Et les violences sexuelles ?

Sur la question de la prévention des violences sexuelles chez les jeunes enfants, vous pouvez utiliser l’excellente campagne du Conseil de l’Europe, intitulée « On ne touche pas ici ».

Un film et un livre à destination des enfants sont consultables ici.

La règle « On ne touche pas ici » comporte 5 aspects importants :

  • « Ton corps est à toi » : il appartient à l’enfant, et personne ne peut le toucher sans sa permission. Apprendre à l’enfant quelles sont ses parties intimes et les nommer par leur vrai terme (« pénis » au lieu de « zizi » par exemple). L’enfant a le droit de refuser un baiser ou une caresse, même venant des personnes qu’il aime. Il est important de lui apprendre à dire « non », à s’écouter et à faire confiance à ses sentiments de bien-être ou de malaise. Si quelqu’un tente un contact physique déplacé, l’enfant doit savoir qu’il/elle peut vous en parler, ou à un adulte de confiance, et qu’il/elle doit insister jusqu’à ce que quelqu’un le prenne au sérieux. C’est d’autant plus important de respecter sa volonté si votre enfant veut prendre son bain seul.e, s’essuyer « comme un.e grand.e » quand il/elle va aux toilettes, ne souhaite pas embrasser son grand-oncle ou sa grande tante.  Par ailleurs, lui dire « ton corps est à toi » et lui donner des fessées ou des gifles en parallèle sont des messages contradictoires pour votre enfant.
  • La différence entre les gestes convenables et les gestes déplacés : dire aux enfants que ce n’est pas bien que quelqu’un regarde ou touche leurs parties intimes ou leur demande de regarder ou de toucher celles des autres.
  • Un secret doit être partagé avec quelqu’un en qui on a confiance : il est important que l’enfant sache distinguer le bon secret (par exemple, une organisation de fête surprise) du mauvais secret. Les mauvais secrets sont ceux qui rendent anxieux, tristes, qui font peur ou mettent mal à l’aise. Ils ne doivent pas être gardés pour soi mais partagés avec une personne de confiance.
  • La prévention et la protection sont de la responsabilité de l’adulte : les adultes doivent éviter tout tabou autour de la sexualité et encourager leur enfant à leur faire part de ce qui les inquiète, les rend anxieux ou triste.
  • Autres conseils utiles :
  • Chercher avec son enfant quelles sont les personnes qui peuvent faire partie de son « réseau de sécurité », composé d’adultes de confiance, disponibles et prêts à l’écouter, que l’enfant choisisse. Un seul membre de ce réseau doit vivre avec l’enfant, un autre doit vivre en dehors du cercle familial. Laisser votre enfant choisir les membres de ce réseau est une manière de lui dire « aies confiance en ton instinct ». Si par exemple, vous lui dîtes de faire confiance à Tata Martine parce qu’elle « est gentille » alors qu’elle pince votre enfant quand vous avez le dos tourné, il/elle aura l’impression que vous êtes « complice » ! C’est donc essentiel de ne pas forcer votre enfant à se fier à une personne qu’il/elle n’aurait pas choisie dans son cercle.
  • Il est aussi important d’établir une règle à toujours respecter : celle de toujours parler aux parents d’une personne qui ferait des cadeaux, demanderait de garder des secrets ou essayerait de passer du temps seule avec l’enfant.
  • Apprendre à son enfant de ne jamais suivre ou monter en voiture avec une personne qu’il/elle ne connait pas, et ne jamais accepter les cadeaux ou les invitations.
  • Apprendre à son enfant à savoir chercher de l’aide auprès de professionnel(les) (enseignants, officiers de police…) ou de lignes téléphoniques d’urgence (le 17 par exemple) s’il/elle a besoin d’aide (ou le 119 – Allô Enfance en Danger et Viols Femmes Informations au 0800 05 95 95 si votre enfant a besoin de conseils).

L’importance de déconstruire les stéréotypes sexistes

Les stéréotypes sexistes sont nombreux et altère le développement de la petite fille ou du petit garçon, ils peuvent aussi avoir des répercussions sur la sexualité.

Il est important d’apprendre à votre enfant, dès son plus jeune âge, à repérer les stéréotypes sexistes et de le faire s’interroger, afin qu’il n’intègre pas l’idée qu’un genre serait, explicitement ou implicitement, supérieur à l’autre. Les garçons ont le droit et doivent être encouragés à exprimer leur émotions, les filles ont le droit et doivent être encouragées à s’affirmer ou à prendre des initiatives.

De cette manière, votre enfant aura plus de facilité à avoir confiance en soi et à s’accepter.

 

Sur le plan sexuel, voici quelques exemples de l’impact de l’exposition aux stéréotypes sexistes :

Répéter à un enfant qu’un homme a toujours plus de besoins qu’une femme risque :

  • Pour une fille, de penser que c’est une fatalité et la faire accepter des agressions sexuelles ou des viols conjugaux, mais aussi l’adultère.
  • Pour un garçon, de penser qu’il est tout à fait normal d’insister auprès de sa partenaire pour avoir des rapports sexuels, et qu’il est en droit de les lui réclamer.

L’affirmation selon laquelle les hommes auraient plus de besoins sexuels que les femmes n’est pas démontrée. Au 18ème et 19ème, les femmes étaient même considérées comme incapables de freiner leurs pulsions sexuelles, contrairement aux hommes étaient perçus comme biens meilleurs pour se contrôler !

 

Répéter à un enfant qu’un homme qui a de multiples partenaires est un « Dom Juan » et que la femme qui se trouve dans la même situation est une « fille facile », risque :

  • Pour une fille, de penser qu’elle doit s’interdire certaines pratiques pour conserver une image respectable.
  • Pour un garçon, de penser qu’il peut légitimement enchaîner les conquêtes sans forcément se soucier des sentiments de ses partenaires, que certaines pratiques sexuelles sont sales et doivent être réservées à des partenaires envers qui il n’y a ni engagement, ni respect.

Cette affirmation est très angoissante pour les adolescents : les filles sont exposées à de nombreuses injonctions contradictoires car elles ne sont jamais assez respectables, toujours trop faciles ou trop prudes, quant aux garçons ils subissent l’injonction à la performance et la compétition.

 

Toujours mentionner la masturbation comme étant une pratique masculine empêche les jeunes filles d’explorer leur corps et leur sexe. C’est pourtant d’autant plus utile qu’il est très peu montré dans sa complexité et ses représentations sont très euphémisées. Les jeunes filles ont elles aussi besoin de temps et de pratique pour découvrir leur plaisir, et surtout leur clitoris !

L’importance de lutter contre la culture du viol

Les stéréotypes sexistes, malheureusement fortement intégrés dans notre société, nourrissent ce que l’on appelle la « culture du viol ». Ce concept est un ensemble de croyances qui tendent à banaliser, minimiser, voire tolérer le viol dans notre société.

Des remarques comme « si tu mets une jupe aussi courte, t’étonne pas si tu te fais violer ! », « elle avait plus trop envie mais en même temps, t’as vu comme elle avait bu, elle me faisait du rentre-dedans », « qu’est-ce qu’elle faisait à 23h à cet endroit aussi ? », « une main aux fesses, c’est rien… ».

On estime en France à 154 000 (124 000 filles et 30 000 garçons) le nombre de victimes de viol ou tentative de viol sur mineur.e.s chaque année. La majorité des victimes de viol en France ont moins de 18 ans.

Ces remarques, souvent entendues et réentendues contribuent à faire peur aux filles et aux femmes, à les restreindre dans leur liberté de s’habiller, dans leur liberté de circuler, mais aussi à leur faire croire qu’une agression sexuelle ou un viol est de leur faute, alors que l’agresseur est toujours le coupable. La culture du viol contribue à enfermer les femmes dans le silence, avec d’importances séquelles traumatiques qui vont altérer leur santé psychique et physique, ainsi que leur vie sexuelle. Arrêtons d’alimenter la culture du viol, et éduquons nos garçons à demander et respecter le consentement. En effet, si les victimes sont des femmes et des hommes, la grande majorité des agressions sont le fait d’hommes, qui ne sont ni des psychopathes ni des inconnus !

N’hésitez jamais à rappeler à votre enfant l’importance du consentement et du respect du consentement. Quand une personne dit non ou qu’elle n’est pas apte à pouvoir répondre, parce qu’elle est endormie, droguée ou ivre, c’est non, et toujours non. Même quand on est en couple avec cette personne, et même lorsqu’une relation sexuelle a déjà eu lieu ou est en cours.

La question de l’homosexualité 

Beaucoup de parents s’interrogent sur la question de l’homosexualité : est-ce que je dois en parler à mon enfant ? Comment présenter cette orientation sexuelle et même l’expliquer ? Est-ce qu’en parler de manière normale ne risque pas « d’orienter » mon enfant vers l’homosexualité ?

Beaucoup de parents s’interrogent sur la question de l’homosexualité : est-ce que je dois en parler à mon enfant ? Comment présenter cette orientation sexuelle et même l’expliquer ? Est-ce qu’en parler de manière normale ne risque pas « d’orienter » mon enfant vers l’homosexualité ?

Il est important de rappeler ici que l’homosexualité n’est ni une maladie ni une pathologie mentale. Plus important encore, rappelons que l’orientation sexuelle n’est pas un choix, c’est une évidence qui s’impose et qui peut changer au cours d’une vie. Certaines personnes homosexuelles se rendent compte très précocement qu’elles sont différentes des autres, parfois dès l’âge de 7 ans. Ce n’est pas en parlant naturellement de l’homosexualité à son enfant que ce dernier va se découvrir un désir pour l’autre sexe.

Ne cachez pas à votre enfant l’existence de cette orientation sexuelle. Il le découvrira de toute manière.

L’homosexualité n’est de toute évidence pas encore totalement acceptée dans notre société. Certains parents, même les plus tolérants, se demandent encore à la découverte de l’orientation homosexuelle de leur enfant ce qu’ils ont « mal fait », alors qu’il n’y a rien à « bien faire » ou « mal faire ». Ne vous enfermez pas dans l’idée que votre enfant aura forcément l’orientation sexuelle majoritaire. Votre enfant ne se définit pas en fonction de son orientation sexuelle, et ne la choisit pas. Dîtes à votre fils ou à votre fille, que peu importe la personne qu’il ou elle aimera plus tard, cela ne changera rien en l’amour que vous lui portez, qu’il est inconditionnel, et que ce qui vous importe le plus est son bonheur.

Beaucoup de jeunes adultes ne savent pas comment annoncer leur homosexualité à leurs parents, parce crainte de leur réaction, s’enfermant alors dans une vie de mensonges ou de non-dits. Ces situations sont extrêmement douloureuses, et le taux de suicide chez les personnes homosexuelles est 4 fois plus élevé que dans le reste de la population. Selon une étude de l’Institut national de veille sanitaire parue en 2007, 32% des jeunes homosexuels de moins de 20 ans ont déjà tenté de se suicider. Dans notre société dont les mentalités évoluent lentement, il est important que les enfants sachent que peu importe vers qui leur désir amoureux et sexuel se tourne, l’amour qui leur est porté ne changera pas. Plus de soutien familial, c’est aussi assurer des adultes assumés en meilleure santé psychique.

La question de la pornographie

Bien des parents pensent que leurs enfants, même à un stade avancé de l’adolescence, n’ont jamais eu accès à la pornographie. Malheureusement, il est un point sur lequel les chiffres ne mentent pas : les enfants sont confrontés très jeunes à leurs premières images pornographiques.

Sur une classe de sixième, 60% des garçons et 30% de filles déclarent avoir déjà visionné un film X. Ces chiffres ont été obtenus en 2004 par une étude du CSA, alors imaginez ce qu’il en est aujourd’hui avec l’omniprésence d’Internet dans le quotidien des enfants ! Un tiers des garçons de 14 à 18 ans, selon l’étude européenne ESPAD réalisée en 2003, regardent des films pornographiques de manière habituelle. La majorité des filles, et un certain nombre de garçons dans une moindre mesure, disent que ces images les dégoûtent, les mettent mal à l’aise, les choquent ou les angoissent. La consommation est plus fréquente chez les garçons, qui disent, pour un grand nombre d’entre eux, que ça leur plaît, les amuse ou que ça leur est utile.

Utile en quoi ? Beaucoup de garçons, et certaines filles dans une mesure moindre, pensent trouver dans le porno une source d’information sur les pratiques sexuelles. Et ils se masturbent ! C’est une machine à fantasmes faciles et rapides, qui ne nécessite pas de créer son propre imaginaire érotique.

Le hic avec cette consommation, c’est que l’enfant ne peut pas poser sur les images pornographiques le même regard qu’un(e) adulte qui a déjà fait ses premières expériences sexuelles ou qui a une vie sexuelle depuis longtemps. En outre, le porno impose des images, des fantasmes exclusivement visuels et érotiquement pauvres à des adolescents qui ont toute la vie pour découvrir leur corps, leur sexualité, leurs zones de plaisir, et les pratiques qui vont leur plaire ou leur déplaire.

Les images pornographiques sont une violation de l’imaginaire, qui en plus de ne pas être adaptées à un public jeune, même s’il s’y adresse de plus en plus, risque d’imprégner les enfants des normes irréelles sur la sexualité : expression factice du désir (mal) joué, des relations sexuelles mal scénarisées, des pénis toujours en érection grâce à l’utilisation de viagra, cocaïne ou autre produit dopant, des anus toujours prêts à être pénétrés, des pratiques sexuelles toujours identiques et centrées sur les besoins de la caméra mais jamais sur le plaisir des partenaires, l’homme pénétrant et la femme toujours pénétrée, aucune communication entre les partenaires, absence totale de séduction, de préliminaires, jamais de demande ou d’expression du consentement avant les rapports sexuels comme si toutes les pratiques devaient s’accepter naturellement, violence érotisée, tournage qui est de plus en plus “amateur” pour effacer les frontières entre la fiction et le réel, absence d’émotions et de tendresse, longueur démesurée des rapports sexuels avec des pénis toujours plus grands et des femmes qui gémissent toujours plus fort, pas ou peu d’utilisation du préservatif et de la contraception.

Quelles sont les conséquences possibles du visionnage du porno chez les jeunes ?

L'industrie de la pornographie aime nourrir la confusion entre la réalité et la fiction. Un(e) enfant qui regarde régulièrement des images pornographiques, vulnérable psychiquement et qui n'a pas ou peu d'interlocuteurs adultes afin de parler de la sexualité peut être amené(e) à croire que ces images la représente, qu'elles donnent des recettes infaillibles pour une relation sexuelle réussie ou qu’il/elle doit se conformer à ces représentations.

En regardant ces films pornographiques comme des modèles à reproduire, l’adolescent(e) ne prend pas le temps de construire sa sexualité et son imaginaire. Le sociologue Richard Poulin parle alors d’une sexualité « immédiate, consumériste, anesthésiante ».

La confusion entre la fiction et la réalité peut conduire certain(e)s adolescent(e)s à vouloir se conformer aux stéréotypes sexuels véhiculés dans les films pornographiques, développant ainsi des inquiétudes et des complexes quant à leur corps et aux relations sexuelles : ai-je un pénis assez grand pour donner du plaisir à une fille ? Comment ça se fait que mes mamelons ne sont pas hauts comme sur les seins de certaines femmes que je vois dans les films pornos ? Faut-il s’épiler tous les poils pubiens avant une relation sexuelle ? Est-ce que je suis obligée de « faire les trois trous » la première fois ? Est-ce que c’est normal d’avoir un gros clitoris et des grosses lèvres ?

Selon une enquête menée par l’Ifop en 2014, plus d’un tiers des hommes de moins de 25 ans disent avoir déjà été complexés par la taille de leur pénis en regardant un film pornographique.

L’exposition à des images pornographiques sans consentement est considérée comme une agression sexuelle, c’est un délit. Ce type d’agression a des répercussions encore plus importantes chez des enfants qui sont exposés, contre leur gré, et pour la première fois à ces images. L’intrusion de la pornographie entre 8 et 12 ans peut bouleverser la période d’apprentissage : apparition de difficultés dans l’acquisition des savoirs, mais aussi problèmes d’hyperactivité ou de perte d’estime de soi. Le psychothérapeute James Wright constate que les enfants qui ont été exposés à la pornographie sont plus dépressifs, centrés sur-mêmes et caractériels. Ce sont aussi les symptômes des enfants victimes d’agressions. L’acte de transgression –l’adolescente(e) qui veut regarder des images interdites aux mineurs— est une chose, exposer des plus petits à ces images en est une autre, et peut avoir des conséquences préjudiciables.

La question de la pratique compulsive, qui peut survenir à tous les âges, est également préoccupante. La porno-dépendance agit comme toute autre addiction, mettant sa victime dans une situation de grande souffrance, de frustration, de quête d’images toujours plus extrêmes, tendant vers des pratiques sexuelles parfois illégales, et la rendant inapte à une vie sexuelle épanouie.

Mon enfant regarde des films pornographiques

Précisez à votre enfant que c’est interdit de regarder des films pornographiques, notamment avant sa majorité. Le prévenir de cette interdiction et faire en sorte qu’il/elle n’y ait pas accès relève de votre devoir de parent.

Cependant, sachez que ce comportement est très fréquent chez les adolescents, et constitue même, selon le psychiatre et psychanalyste Serge Tisseron, « une nouvelle forme de rite du passage à l’âge adulte ».  En visionnant des images interdites aux mineurs mettant en scène des pratiques sexuelles qu’il/elle imagine être celles des adultes, l’adolescent(e) transgresse les règles, est dans un mouvement de recherche d’autonomie, se sent appartenir au monde des grands et pense souvent qu’il s’agit d’une manière d’apprendre. Cela lui permet également d’enrichir un imaginaire masturbatoire. Seulement, la pornographie ne répond pas aux questions des adolescents, elle suscite chez eux de nouveaux questionnements.

Dites-lui que vous n’avez pas cherché à violer son intimité et que vous êtes tombé(e) dessus par hasard. Informez-le/la sur l’irréalité des films pornographiques, sur les risques, notamment lorsque cette consommation devient compulsive, et faites-lui lire, si possible, notre fiche sur la sexualité destinée aux adolescents, le cas échéant. Et surtout, rappelez à votre enfant que c’est interdit de visionner des films pornographiques avant sa majorité. Sachez que laisser son enfant regarder ce type de vidéos est une atteinte à la protection des mineurs face à la pornographie (voir plus bas dans la partie « Ce que dit la loi »).

Plus votre enfant aura la possibilité de parler, de confronter ce qu’il/elle pense avec des amis ou des adultes, moins il/elle croira dans la prétendue sexualité mise en scène dans les films pornographiques.

Soyez ferme avec votre enfant, s’il ou elle est encore jeune, en lui disant qu’il est préférable pour lui-même de ne plus regarder ce genre de films. Désapprouvez ou interdisez l’accès à ces images, pour les plus grands, sans les punir, en expliquant que ce n’est pas leurs pratiques intimes qui vous dérangent, mais le contenu de ces films et leurs conditions de tournage.

Installez un contrôle parental, mais gardez à l’esprit que cette barrière contre les images pornographiques n’a pas une fiabilité totale.

Que puis-je faire pour protéger mon enfant des images pornos ?

Afin de protéger votre enfant ou votre ado des images pornographiques, il est important d’installer un contrôle parental efficace sur tous les supports utilisés pour se connecter à Internet : ordinateur familial, personnel, smartphone, tablette… mais aussi sur les télévisions.

L’association e-Enfance, spécialisée dans les dangers numériques, répertorie un certain nombre de contrôles parentaux gratuits pour mobile, tablette et ordinateur, et explique les démarches à effectuer pour installer une protection sur votre télévision. Vous trouverez toutes les explications ici.

D’autres, plus élaborés, comme Kiddoware par exemple, proposent une protection des enfants sur tous les aspects de leur vie en ligne : contrôle du temps passé en ligne, contrôle des pop-ups invitant à acheter un service, utilisation d’un moteur de recherche conçu pour les enfants…

Encouragez votre enfant à utiliser Qwant Junior, le premier moteur de recherche sécurisé pour les enfants, qui assure une navigation respectueuse de leur vie privée et exempte de contenus non adaptés à leur âge.

L’éducation à la sexualité à l’école

Afin de sensibiliser les élèves de manière générale, et non pas seulement aux IST et aux systèmes de reproduction, les établissements ont l’obligation d’organiser, trois fois par an et à toutes les classes de niveaux de l'école primaire au lycée, des séances d’éducation à la sexualité.

Ces dernières sont complètement indépendantes des cours de SVT sur la reproduction humaine, qui ne dispense qu’une transmission de connaissances biologiques, que nous pouvons même qualifier de partielles, quand on sait qu’en 2016, les jeunes et en particulier les filles méconnaissent leur corps et que le plaisir féminin reste tabou : « 84 % des filles de 13 ans ne savent pas comment représenter leur sexe alors qu’elles sont 53 % à savoir représenter le sexe masculin, et une fille de 15 ans sur quatre ne sait pas qu’elle a un clitoris » (chiffres du rapport relatif à l’éducation à la sexualité du Haut Conseil à l’Égalité entre les Femmes et les Hommes). Ces séances d’éducation à la sexualité sont indispensables et font partie du programme scolaire.

Ces interventions obligatoires ont pour objectif d’apporter aux élèves « des informations objectives et des connaissances susceptibles de les aider à mieux connaître et comprendre les dimensions psychologique, affective, sociale, et culturelle de la sexualité » afin de répondre aux « nombreuses questions et problématiques (…) en termes d’image de soi, de rapport à l’autre, de relations entre garçons et filles, de règles de vie » (L’Éducation à la sexualité, guide d’intervention pour les collèges et les lycées).

Le personnel de l’établissement peut être sollicité pour mener ces séances, mais il reste très difficile d’établir une relation de proximité et de confiance entre les élèves et l’intervenant(e) lorsqu’il s’agit d’une personne qui est leur professeur(e) ou qu’ils seront amenés à recroiser. L’infirmière scolaire, le planning familial ou des associations extérieures agréées par le ministère de l’Éducation Nationale peuvent également, et sont autant d’interlocuteurs à privilégier pour organiser ces séances.

Il serait néanmoins illusoire de croire que l’on peut compter sur cette formation pour que soient délivrées à l’enfant toutes les connaissances dont il/elle a besoin. Plusieurs raisons :

  • Les établissements respectent rarement les obligations qui leur incombent. On peut considérer comme chanceux les élèves qui ont le droit à une séance au collège puis une au lycée.
  • Il est difficile d’aborder dans le cadre d’une seule séance d’1h30 à 2h toutes les facettes de la sexualité. Certaines interventions peuvent se baser uniquement sur la prévention des maladies sexuellement transmissibles. Or, un enfant a besoin qu’on lui parle aussi des aspects positifs de la sexualité, qu’on lui dise que la sexualité ne se résume pas à un vecteur de transmission de maladies.
  • L’école a « un rôle complémentaire de celui des familles, dans la construction individuelle et sociale des enfants et des adolescents et dans la préparation de leur future vie d’adultes ».

Je souhaite mobiliser mon établissement

Vous êtes parent d'élève, professeur(e) ou dirigez un établissement ? Vous trouverez dans cette partie davantage d'informations sur la mise en place de séances d'éducation à la sexualité.

Le guide « L’éducation à la sexualité » d’intervention pour les collèges et les lycées indique que le chef d’établissement doit définir en début d’année scolaire les modalités d’organisation et la planification des séances d’éducation à la sexualité, inscrites dans l’horaire global annuel des élèves, intégrées au projet d’établissement puis présentées au conseil d’administration. Au lycée, elle doit faire l’objet d’un débat au conseil de la vie lycéenne. A l’école primaire, l’éducation à la sexualité se fait par les maîtres et maîtresses dans le cadre des enseignements, avec tact et en cherchant la plus grande cohésion avec l’ensemble des apprentissages.

Des réunions préparatoires sont organisées avec l’équipe de personnels volontaires et formés de l’établissement, en particulier les enseignants de sciences de la Vie et de la Terre, les conseillers principaux d’éducation (CPE), le médecin, l’infirmier(ère), l’assistant(e) social(e). Il peut également être fait appel à des partenaires extérieurs institutionnels et associatifs, de manière gratuite ou peu onéreuse. Dans ce cas, il faudra penser à privilégier le recours à des associations ayant reçu l’agrément national ou académique leur permettant d’intervenir en classe. Sur les questions d’homosexualité et d’homophobie, l’association Le Refuge propose des interventions en milieu scolaire qui permettent chaque année de sensibiliser des milliers de lycéens et de déconstruire avec eux les préjugés.

Les interventions peuvent être mixtes ou non-mixtes, dépendamment de l’âge des élèves et de la volonté des établissements. Elles ne sauraient s’apparenter à un discours ou un cours sur la sexualité. Il s’agit avant tout d’un temps et d’un espace d’information, de dialogue, de débats, d’explications et d’échange, permettant aux élèves de susciter leur réflexion, de s’exprimer sur des sujets ou sur les préoccupations qui sont les leurs.

Comment tout cela s’organise concrètement ? Quelles règles de fonctionnement adopter ? Le guide d’intervention « L’éducation à la sexualité », destiné aux collèges et aux lycées vous apportera des réponses et vous aidera dans la mise en place d’interventions. Il est disponible ici.

Il est aussi possible, dans le cadre de cours de français, d’éducation civique, d’histoire, d’art plastique, de philosophie… d’exploiter des situations, des textes ou supports en rapport avec l’éducation à la sexualité.

Le personnel de l’établissement peut également assurer la diffusion de dépliants ou d’autres supports d’information sur la sexualité, la contraception, les IST, les violences sexuelles… Les Centres d’Éducation et de Planification Familiale (« plannings familiaux », les CRIPS, Fil Santé Jeunes, Sida Info Service sont autant de structures que vous pouvez solliciter pour obtenir de la documentation à distribuer.

Le personnel enseignant et dirigeant doit être particulièrement sensible à la mise en place de ces séances et ne pas attendre, comme c’est souvent le cas, que des bruits de couloir sur des histoires personnelles impliquant des adolescents de l’établissement suscitent des interrogations et des angoisses pour agir.

Qui peut m’aider ?

Sexualité, contraception, avortement

Fil Santé Jeunes est un numéro dédié aux adolescent(e)s et qui répond à leurs questions sur la  sexualité, la contraception, la santé physique et mentale… Vous pouvez les joindre de manière totalement anonyme et gratuite au 0 800 235 236 (tous les jours de 9h à 23h) pour obtenir des conseils.

Les Centres de Planification et d’Education Familiale (aussi appelé plannings familiaux) sont aussi des lieux d’écoute qui peuvent répondre aux questions de votre enfant, mais aussi vous aider à trouver les mots pour aborder les sujets de la sexualité, la contraception et l’avortement. Ils disposent également de documentation à destination des jeunes. Vous trouvez le plus proche de chez vous ici.

Pour des questions spécifiques sur l’avortement, vous pouvez visiter le site ivg.gouv.fr ou IVG, les adresses, ou vous adresser au numéro Sexualités, contraception, IVG en appelant le 0 800 08 11 11. L’appel est anonyme et gratuit.

Le Mouvement français pour le Planning Familial est une association militante qui prend en compte toutes les sexualités, défend le droit à la contraception, à l’avortement et à l’éducation à la sexualité. Il dénonce et combat toutes les formes de violences, lutte contre le SIDA et les IST, contre toutes les formes de discrimination et contre les inégalités sociales. Information, conseil et écoute le lundi de 9h à 22h, du mardi au samedi, de 9h à 20h au 0800 08 11 11 (service & appel anonymes et gratuits).

Infections sexuellement transmissibles

Le site Info-IST peut répondre à vos questions sur toutes les IST.

Sida Info Service est à votre disposition 7j/7 et 24h/24 au 0 800 840 800 pour vous informer sur les IST et répondre à toutes vos questions. L’appel est anonyme, confidentiel et gratuit.

Pour toutes les questions liées aux hépatites, vous pouvez consulter le site Hépatites Info Service, mais aussi les contacter au 0 800 845 800 tous les jours de 8h à 23h. L’appel est anonyme, confidentiel et gratuit.

Les documents qui peuvent m’aider

Brochures et dépliants

Les brochures « questions d’ados » et « Les premières fois » réalisées par OnS’exprime, sous l’égide de l’INPES, répondront à beaucoup des questions que peut poser votre enfant sur le corps et la sexualité. Vous pouvez les consulter ici et ici.

En ce qui concerne les IST, vous pouvez utiliser « Le Livres des Infections Sexuellement Transmissibles », réalisé par Santé Publique France. Vous pouvez le consulter ici. Vous pouvez également consulter le site info-ist.fr.

Livres

Bien des ouvrages sont aujourd’hui disponibles pour expliquer la sexualité aux enfants et aux adolescents. Voici une petite bibliographie non exhaustive sur laquelle vous pouvez vous appuyer :

Dès 5 ans :

  • Comment on fait les bébés ! de Babette Cole (Seuil Jeunesse)

Pour les 5-8 ans :

  • Questions d’amour de Virginie Dumont et Rosy (Nathan)

Dès 6 ans :

  • Mademoiselle Zazie a-t-elle un zizi ? de Thierry Lenain et Delphine Durand (Nathan)
  • Max et Lili veulent des câlins de Dominique de Saint Mars et Serge Bloch (Calligram)
  • Lili est amoureuse de Dominique de Saint Mars et Serge Bloch (Calligram)
  • Max a une amoureuse de Dominique de Saint Mars et Serge Bloch (Calligram)

Pour les 8-11 ans :

  • Questions d’amour de Virginie Dumont, Serge Montagnat (Nathan)

Pour les 9-12 ans :

  • Filles Garçons, que de questions ! de Sylvie Sargueil et Brigitte Bègue (De La Martinière Jeunesse)
  • Questions intimes, rien que pour les filles de Sylvie Sargueil et Jacques Azam (De La Martinière Jeunesse)
  • Tout sur le zizi de Sylvie Sargeuil et Jacques Azam (La Martinière Jeunesse)

Pour les 9-13 ans :

  • Le guide du zizi sexuel de ZEP et Hélène Bruller (Glénat)

Dès 11 ans :

  • Est-ce que ça arrive à tout le monde ? de Antje Helms et Jan von Holleben (Syros)

Pour les 11-14 ans :

  • Questions d’amour de Virginie Dumont (Nathan)

Dès 12 ans :

  • Sexe sans complexe de Bérangère Portalier et Frédéric Rébéna (Actes sud junior)

Dès 13 ans :

  • Bien vivre ta première relation sexuelle si tu es une fille de Stéphane Clerget et Soledad Bravi (Limonade)
  • Bien vivre ta première relation sexuelle si tu es un garçon  de Stéphane Clerget et Soledad Bravi (Limonade)

Dès 14 ans :

  • Tout savoir sur le sexe, sans tabous ni complexes de Michel Piquemal, Jo Witek et Deemoes (De La Martinière Jeunesse)

Ce que dit la loi sur…

Le sexe de son partenaire

Depuis 1982, le choix de son partenaire sexuel est libre : les personnes homosexuelles peuvent vivre leur sexualité comme elles l’entendent (loi n° 82-683 du 4 août 1982).

Les relations sexuelles entre mineur(e) de 15 ans et majeur(e)

Le fait, par un(e) majeur(e), d'exercer sans violence, contrainte, menace ni surprise une atteinte sexuelle sur la personne d'un(e) mineur(e) de 15 ans est puni de 7 ans d'emprisonnement et de 100 000 € d'amende (article 227-25 du Code pénal).

Le droit à disposer de son corps (contraception, IVG)

Les mineures âgées d'au moins 15 ans bénéficient, notamment, de la gratuité des pilules contraceptives et dispositifs médicaux contraceptifs inscrits sur la liste des médicaments et produites remboursables par l'Assurance maladie (décret du 29 juin 2016 relatif à la participation de l'assuré pour les frais liés à la contraception des mineures d'au moins 15 ans).

La loi permet à toute femme enceinte, majeure ou mineure, qui ne veut pas poursuivre une grossesse de demander à un médecin l’interruption de sa grossesse. Seule la femme concernée peut en faire la demande (article L.2212-1 du Code de la santé publique).

Le viol et les agressions sexuelles

Le viol est un crime. Il est défini par la loi comme tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise.

Il peut s’agir d’une pénétration dans la bouche, le vagin ou l’anus, par le sexe, le doigt ou par un objet.

  • Pour une victime mineure de moins de 15 ans : la peine encourue est de 20 ans d’emprisonnement. La victime dispose de 20 ans après sa majorité pour porter plainte, c’est-à-dire jusqu’à ses 38 ans.
  • Pour une victime mineure de plus de 15 ans ou majeure : la peine encourue est de 15 ans de prison. La victime dispose de 10 ans pour porter plainte ou de 20 ans à partir de la majorité si la victime était mineure au moment des faits, c’est-à-dire jusqu’à ses 38 ans.

Les agressions sexuelles autres que le viol sont des délits. Elles sont définies comme des actes à caractère sexuel sans pénétration commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte, menace ou surprise. Cela peut être des caresses ou des attouchements de nature sexuelle par exemple.

  •  Pour une victime mineure moins de 15 ans : la peine encourue est de 10 ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende (article 222-29-1 du Code pénal). La victime dispose de 20 ans après sa majorité pour porter plainte, c’est-à-dire jusqu’à ses 38 ans.
  • Pour une victime mineure de plus de 15 ans ou majeure : la peine encourue est de 5 ans de prison et 75  000 € d’amende (article 222-27 du code pénal), des circonstances aggravantes pouvant l’augmenter, ou de 7 ans d’emprisonnement et 100 000 € d’amende si l’agression a été commise par un(e) ascendant(e) (parent, grand-parent…) ou toute autre personne ayant autorité de droit ou de fait sur la victime (professeur(e), animateur(trice)…) (article 222-28 du Code pénal). La victime dispose de 3 ans pour porter plainte. Toutefois, si l’agression a été commise par plusieurs personnes ou si l’auteur(e) du délit est un(e) ascendant(e) (parent, grand-parent…) ou toute autre personne ayant autorité de droit ou de fait sur la victime (professeur(e), animateur(trice)…), la victime disposera, dans ce cas, de 10 ans après sa majorité pour porter plainte, c’est-à-dire jusqu’à ses 28 ans.

La pornographie

Le fait soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support un message à caractère  violent ou pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine, soit de faire commerce d’un tel message, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende lorsque ce message est susceptible d’être vu ou perçu par un.e mineur.e. (Article 227-24 du Code pénal)

Logo du Refuge

Cette réponse a été rédigée par l’équipe de la Fondation pour l’Enfance. La partie sur le développement de l’enfant s’appuie notamment sur les explications du document « Comment bien traiter la sexualité des enfants », réalisé par la Coordination de l’aide aux victimes de maltraitances, et sur le guide d’intervention « L’éducation à la sexualité » réalisé par le ministère de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, et destiné aux collèges et aux lycées. L’association Le Refuge a aimablement contribué à la réalisation de cette réponse en nous faisant part de son expertise sur le sujet de l’homosexualité.

Mise à jour le 07/12/2016.