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Je subis des violences conjugales

Mise à jour le 3 février 2021

Votre situation

Votre conjoint(e) est violent(e) envers vous ? Son comportement est « limite » et vous voulez savoir s’il s’agit de violence conjugale ? Vous ne savez pas à qui parler et vous avez peur que l’on ne vous prenne pas au sérieux ? Vous vous inquiétez des conséquences sur vos enfants de ces scènes, qu’ils en soient témoins ou non ?

Cette fiche tente de répondre aux questions que vous pouvez vous poser sur les violences conjugales, en commençant par en définir les différentes formes. Nous vous donnerons des ressources et vous orienterons également vers des professionnels qui pourront vous aider pour vous sortir de cette situation.

Les différentes formes de violence

La violence peut prendre plusieurs formes : elle peut être physique mais aussi psychologique, sexuelle ou économique. Elles touchent principalement les femmes mais aussi les hommes.

Les violences se rencontrent dans tous les groupes socio-économiques et religieux, que le couple vive en concubinage, soit marié, séparé ou divorcé. Les périodes les plus propices à la violence dans la vie d’un couple surviennent lors de la séparation ou lors d’une grossesse, et entraînent souvent des blessures physiques et/ou psychologiques graves, quelquefois mortelles.

Violences physiques

Coups, étranglements, mutilations, gifles, morsures, brûlures, jets de liquides, tirage de cheveux… Les violences physiques ne laissent pas forcément de traces sur le corps : pousser, bousculer, secouer, casser des objets, abîmer des affaires personnelles, détruire des cadeaux…

On peut également inclure un grand nombre de faits et de comportements qui constituent des délits : enfermer à la maison, priver de clé, contrôler les déplacements, cacher les documents administratifs…

Violences verbales ou psychologiques

Cris, hurlements, menaces (de se suicider par exemple), chantage (« si tu m’aimes, ne va pas voir ton ami, reste à la maison », humiliations (« grosse vache »…), dévalorisations (« t’es bon(ne) à rien », « j’aurais jamais dû t’épouser »…), dénigrements (« t’es qu’un(e) malade »…), insultes (« le gros », « la vieille », « la salope »…), pressions, jalousie excessive, mépris, interdictions de fréquenter la famille ou des amis… mais aussi le fait d’ignorer la présence de l’autre, de refuser de communiquer, de parler de l’autre comme s’il était absent…

Violences sexuelles

Viols, agressions sexuelles, contrainte à se prostituer, rapports sexuels brutaux, coups sur les parties génitales et sexuelles, contrainte à subir des scénarios pornographiques humiliants, pratiques sexuelles non consenties…

Même si vous êtes mariés, votre conjoint(e) n’a pas le droit de vous forcer à avoir des rapports sexuels. Le viol conjugal est puni par la loi au même titre que le viol. Le viol commis par un(e) conjoint(e) est même une circonstance aggravante.

Violences économiques

Elles consistent à priver le partenaire de toute ressource financière :

  • Soit de vous empêcher d’être autonome financièrement : vol de carnets de chèque ou de carte bleu, contrôle de vos dépenses, confiscation du salaire, interdiction de travailler…
  • Soit de vous priver de vos biens ou moyens essentiels, même si vous avez une activité rémunérée : se rendre dépendant de la victime, ne pas participer aux frais de la famille, faire des crédits au nom du ménage, se surendetter…

Suis-je victime de violences conjugales ?

Si votre conjoint(e) a exercé sur vous une ou plusieurs violences telles que décrites ci-dessus, vous êtes victime de violences conjugales. Vous pouvez également faire le test réalisé par la Table de concertation en violence conjugale et agressions à caractère sexuel de Laval (Québec).

Est-ce que votre conjoint(e)…

  • vous donne tort peu importe ce que vous faites ?
  • dénigre vos amis ou votre famille ?
  • vous insulte et vous humilie ?
  • vous appelle 10 fois dans la soirée pour savoir ce que vous faites, où vous êtes et avec qui ?
  • insiste au point où vous ne pouvez lui refuser une relation sexuelle ?
  • lance des objets ou casse des choses qui vous appartiennent ?
  • vous demande de rendre des comptes sur vos fréquentations, vos retards, vos déplacements ?
  • tente de vous éloigner de votre famille ou de vos amis ?
  • fait des commentaires dénigrants sur votre façon de vous habiller, votre apparence, l’éducation des enfants ?
  • se donne des excuses (stress au travail, alcool, enfants turbulents, trafic, etc.) pour justifier ses sautes d’humeur ?

Est-ce que vous avez…

  • parfois peur pour vous-même ou pour vos enfants ?
  • été maltraité(e) physiquement ou menacé(e) de l’être ?
  • constamment le sentiment que vous êtes incapable, maladroit(e), nul(le), que vous ne faites jamais la bonne chose ?
  • la certitude qu’aucun(e) autre homme/femme ne voudrait de vous ?

Vous vous reconnaissez dans l’une ou plusieurs de ces situations ? Il y a de très fortes chances que vous viviez de la violence conjugale.

Après la tempête, est-ce qu’il vous arrive de dire :

  • « C’est ma faute … Je le savais, je n’aurais pas dû le/la provoquer »
  • « C’est moi qui ai commencé »
  • « Il doit bien avoir une raison à cette violence »
  • « S’il/elle arrêtait de boire, ce serait tellement différent »
  • « Si seulement il/elle ne consommait pas autant, il/elle ne perdrait pas le contrôle »
  • « S’il/elle trouvait du travail ou si son travail était moins stressant, il/elle serait moins préoccupé(e) et plus calme »
  • « Si seulement les enfants n’étaient pas si fatigants, il/elle pourrait se reposer »
  • « II/elle m’aime tellement, c’est normal qu’il/elle soit jaloux(se) »

Si vous répondez oui à l’un ou l’autre de ces énoncés, vous minimisez probablement la gravité de ces gestes.

J’ai le sentiment d’être coupable

Beaucoup de personnes se sentent coupables de la violence qu’ils subissent. Mais absolument rien ne justifie la violence. Ni une infidélité, ni une séparation, ni une mauvaise humeur, ni une enfance difficile ou un passé douloureux, ni des maladresses ou des oublis, ni des disputes. Rien.

Même si le fait d’être victime de violences dans l’enfance est dramatique et que les conséquences peuvent être graves, et même si la consommation excessive d’alcool génère des comportements disproportionnés, les violences conjugales sont liées à l’exercice du pouvoir et à la volonté de contrôler et dominer l’autre : son corps, sa sexualité, son existence… Tous les enfants violentés durant l’enfance ne deviennent pas des agresseurs, être violent est un choix. Et tout comme la loi interdit de donner des coups à quelqu’un ou de l’insulter, elle n’autorise pas davantage ces violences lorsqu’elles viennent de votre conjoint(e).

Ce n’est pas parce que vous avez du mal à partir que vous êtes également coupable et que vous avez souhaité que les violences continuent. Les conjoints violents exercent une emprise : votre esprit est « colonisé » par votre agresseur, vous perdez vos repères. La peur (de mourir, de se retrouver à la rue, de perdre ses enfants, du jugement des autres…), la culpabilité, l’isolement, la dépendance économique… sont autant de facteurs qui peuvent vous empêcher de quitter votre conjoint(e) violent(e).

Pourquoi il est important d’aller chercher de l’aide ?

Il est important d’aller chercher de l’aide, pour vous-même, mais aussi pour vos enfants.

Pour vous

Les différentes formes de violence peuvent avoir des conséquences importantes sur votre santé physique et psychique. A force d’être rabaissé(e), dénigré(e), humilié(e)… votre estime de soi diminue fortement, vous avez peur, vous êtes en état de stress, vous vous isolez. Vous pouvez avoir des attaques de panique soudainement, être dépressif(ve), présenter des troubles de la mémoire, de la concentration et de l’attention, des troubles du sommeil, développer des troubles alimentaires (anorexie, boulimie)…

Les violences conjugales sont un cercle vicieux duquel il faut se sortir : après la première violence ou le premier acte de violence, votre partenaire s’excuse et se montre attentionné(e) afin de se faire pardonner et regagner votre confiance, puis recommence au bout d’un certain temps, en étant encore plus violent, pour s’excuser de nouveau. La période d’excuses et de regrets sera d’autant plus courte que les violences se répètent dans le temps. Plus vous restez dans l’engrenage, plus les violences s’intensifient et plus il est difficile de quitter votre conjoint(e).

Pour vos enfants

Les enfants témoins de violences conjugales ne peuvent pas grandir en toute sécurité. Ce climat de tensions, de disputes, de stress, de menaces, créés par ces violences, génèrent des conditions défavorables au bon développement des enfants, et ce, même s’ils ne sont pas eux-mêmes victimes directes des maltraitances au cours des scènes de leurs parents.

Les conséquences des violences sur la personne qui les subit (une dépression, par exemple) peuvent également avoir des répercussions sur l’enfant. Quand une personne est victime de violences conjugales, elle peut être si préoccupée par sa propre sécurité et sa survie qu’elle n’est pas en mesure d’évaluer les besoins de ses enfants et leur détresse morale. L’impact sur les enfants, et notamment sur les tout-petits, est par ailleurs souvent minimisé par la victime alors que les études montrent que les enfants peuvent exprimer non verbalement l’exposition à un événement traumatique dès l’âge de 16 mois. Plus l’enfant est jeune, plus il va intérioriser la violence.

Les enfants témoins de violences conjugales peuvent développer des symptômes comme la reproduction de comportements agressifs (les enfants les plus violents sont les enfants qui ont subi de la violence indirecte, c’est-à-dire les enfants témoins de la violence conjugale), l’hyper-vigilance (être extrêmement attentif aux menaces), le retrait social (désintéressement des activités avec les autres)… Les conséquences peuvent également persister ou apparaître à l’âge adulte.

L’enfant peut donc être blessé(e) par ricochet.

Si vous êtes enceinte et victime de violences physiques de la part de votre conjoint(e), il faut absolument que ces violences s’arrêtent. Elles peuvent avoir des conséquences sur votre enfant (accouchement prématuré, enfant mort-né, enfant de faible poids…).

Vous préserverez davantage la santé de vos enfants en les éloignent d’un père ou mère violent(e) (même s’il ou elle ne l’est qu’avec vous) qu’en restant avec.

Quand et comment trouver de l’aide ?

Le plus rapidement possible. Les conséquences des violences conjugales sont d’autant plus graves que les épisodes de violence se répètent. En France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son ou sa conjoint(e). Un homme meurt tous les treize jours sous les coups de son ou sa conjoint(e).

N’hésitez pas à chercher de l’aide auprès de professionnels plutôt qu’auprès des personnes qui connaissent également votre conjoint(e). Les violences conjugales ont parfois uniquement lieu dans la sphère intime, le jugement que peuvent avoir les autres peut donc être faussé si votre conjoint(e) a un bon comportement en public.

Les associations spécialisées dans les violences conjugales vous écouteront en toute confidentialité, sans vous juger, et en respectant vos choix. Elles pourront vous apporter l’aide nécessaire pour sortir de cette situation.

 

Si vous êtes une femme victime de violences

Faites appel à une association spécialisée dans les violences conjugales faites aux femmes

Vous pouvez appeler le numéro national 3919 contre les violences faites aux femmes. Il est gratuit depuis un poste fixe en métropole et dans les DOM et au prix d’un appel local depuis un mobile. Le numéro est ouvert du lundi au samedi de 9h à 22h, et l’appel est anonyme et confidentiel. Les professionnels du 3919 vous écouteront, vous informeront et vous orienteront vers les structures locales d’accompagnement pour obtenir de l’aide.

L’association Elle’s Imagine’nt peut également vous aider. Elle propose un accompagnement psychologique, juridique et dans les démarches sociales et professionnelles pour les femmes victimes de violences conjugales, et organise des groupes de parole. Vous pouvez les joindre à l’adresse accueil@ellesimaginent.fr (le premier contact est privilégié par e-mail) ou au 06 61 89 47 90.

D’autres associations existent près de chez vous et peuvent vous aider. Vous trouverez une carte des associations ici.

Si vous êtes un homme victime de violences

La violence dans la couple touche également les hommes. Souvent psychologiques, ces violences sont aussi terribles que les agressions physiques mais très difficiles à prouver. Ne restez pas seul. Voici les associations qui pourront vous aider :
  • Paris Aide aux Victimes

– Antenne Sud : 12, rue Charles Fourier 75013 PARIS
Public : 01 45 88 18 00 (du lundi au vendredi de 9h à 17h)
– Antenne Nord : 22, rue Jacques Kellner 75017 PARIS
Public : 01 53 06 83 50 (du lundi au vendredi de 9h30 à 17h30)

  • SOS Violences Familiales

11 rue Taine – 75012 Paris – Tél. : 01 44 73 01 27

  • La ligue de santé mentale (pour les victimes et les auteurs)

22, rue de Châteaudun – 92250 LA GARENNE-COLOMBES
Tél. : 01.46.49.16.41 – www.psylegale.com
11, rue Tronchet 75008 PARIS
Tél. : 01 42 66 20 70

S’il s’agit d’une urgence

Vous pouvez composer le numéro de la police (17), du SAMU (15) pour les urgences médicales ou des pompiers (18). Ces numéros sont gratuits et accessibles 24h/24. Si vous êtes sourd(e) ou malentendant(e), vous pouvez envoyer un SMS au 114. Il s’agit d’un numéro d’urgence.

Ce que la loi dit sur les violences entre conjoints

  • La loi interdit et punit les violences physiques et psychologiques, notamment le harcèlement moral, exercées par un(e) conjoint(e) ou un(e) partenair(e) (articles 222-7 à 222-13 du Code pénal, article 222-17 du Code pénal, article 222-33-2-2 du Code pénal).
  • La loi reconnait prévoit la qualification et la punition du viol par l’un des conjoints (article 222-22 du Code pénal). Il s’agit même d’une circonstance aggravante (article 222-24 du Code pénal).
Logo d'Elle's Imagine'nt

Cette réponse a été rédigée par l’équipe de la Fondation pour l’Enfance. L’association Elle’s Imagine’nt y a aimablement contribué en faisant part de son expertise sur le sujet. Nous remercions la Table de concertation en violence conjugale et agressions à caractère sexuel de Laval (Québec) de nous avoir permis de diffuser son questionnaire d’auto-évaluation.