Votre situation
Que ce soit dans votre famille, dans votre voisinage, à l’école ou dans l’entourage de votre enfant, vous pouvez être témoin de violences faites à un enfant.
Il est normal d’hésiter, de se sentir mal à l’aise, ou de craindre de se tromper. Pourtant, votre vigilance peut être déterminante. En cas de doute, il faut contacter le 119. Vous n’avez pas besoin d’être certain de la violence pour agir.
Qu’est-ce que la maltraitance ?
L’Organisation Mondiale de la Santé définit la maltraitance comme :
« toutes les formes de mauvais traitement physique, émotionnel ou sexuel, la négligence ou le traitement négligent, ou les formes d’exploitation, dont commerciales, résultant en un mal effectif ou potentiel à la santé de l’enfant, à sa survie, à son développement ou sa dignité dans le contexte d’une relation de responsabilité, confiance ou pouvoir ».
Autrement dit, tout comportement de notre part ayant des conséquences graves sur le développement physique et psychologique de nos enfants est une maltraitance.
Nous pensons souvent être dans notre bon droit lorsqu’il s’agit de punir nos enfants pour les éduquer, mais il est important de ne pas perdre de vue le danger que cela peut représenter. Les violences éducatives telles que les punitions corporelles (tape sur la main, gifle, fessée…) ou les reproches humiliants (« si tu t’empiffres comme ça, ne viens pas t’étonner d’être grosse ensuite », « même un enfant de cinq ans, le ferait mieux que toi »…) n’ont aucune utilité et sont déjà des actes maltraitants. Qui plus est, ces violences considérées comme « légères » sont souvent les prémisses de violences aggravées.
Jusqu’à aujourd’hui, aucune étude scientifique n’a pu démontrer un effet positif des punitions corporelles ou morales sur le comportement et le développement de l’enfant, bien au contraire, elles s’accompagnent d’une augmentation de l’agressivité et des comportements antisociaux, sans compter les conséquences traumatiques qu’elles entraînent.
Bien que fréquemment infligée dans le cadre familial, la maltraitance peut également intervenir en-dehors de celui-ci (école, quartier, réseau de relations sur internet).
Les différentes formes de violences
Les violences psychologiques
Les violences psychologiques renvoient à toutes les paroles, les omissions ou les actes qui empêchent votre enfant d’avoir une bonne estime de lui/elle-même et lui causent ou risquent de lui causer des troubles comportementaux, cognitifs et émotionnels.
Les violences psychologiques englobent notamment :
- le dénigrement visant à dévaloriser et humilier l’enfant (insultes, humiliations verbales comme “t’es nul” et non verbales comme des punitions dégradantes…) ;
- le terrorisme consistant à créer un climat menaçant, hostile ou imprévisible (menaces verbales répétées…) ;
- l’isolement ou le confinement coupant l’enfant de ses contacts sociaux habituels en l’amenant à croire qu’il/elle n’a personne sur qui compter en dehors de vous ;
- l’indifférence face aux demandes affectives de l’enfant (ne jamais le/la complimenter, ne pas lui montrer de tendresse…) ;
- l’exploitation ou la corruption valorisant les comportements antisociaux et déviants chez l’enfant.
Les exigences excessives ou disproportionnées à l’âge de votre enfant (imposer un temps de travail trop long, imposer un entraînement sportif excessif…), des demandes ou consignes contradictoires ou impossibles à respecter, l’exposition répétée à des situations dont l’impact émotionnel dépasse les capacités d’intégration psychologique de votre enfant (films pornographiques, scènes violentes avec votre conjoint…) sont également considérées comme des maltraitances.
Les violences physiques
Les violences physiques renvoient à l’usage délibéré de la force sur un enfant, d’une manière telle que l’enfant subit un préjudice corporel ou risque d’en subir un.
Les violences physiques englobent des comportements tels que frapper (donner des coups de pied, gifler, fesser…), pincer, secouer, étouffer, mordre, brûler, empoisonner, tenir l’enfant sous l’eau ou tout autre usage dangereux ou nocif de la punition.
Cela englobe aussi d’autres violences comme forcer un enfant à porter des chaussures trop petites, l’obliger à rester debout des heures pour le punir, l’enfermer dans un placard…
Lorsque votre bébé vous exaspère parce qu’il ne cesse de pleurer couchez-le sur le dos ou confiez le à quelqu’un d’autre et sortez de la pièce. Souvenez-vous que les pleurs sont le mode d’expression d’un bébé et peuvent correspondre à des besoins insatisfaits. Vérifiez donc que vous l’avez bien nourrie, changé… Il se peut également qu’un bébé pleure deux heures par jour sans raison précise.
Les négligences lourdes
Les négligences lourdes renvoient à l’absence répétitive de gestes appropriés pour assurer les besoins fondamentaux de l’enfant, à savoir sa sécurité, son développement et son bien-être.
Les négligences physiques peuvent comprendre le fait de ne pas assurer la nourriture, les vêtements, l’abri, la propreté, les soins médicaux et la protection de l’enfant. Les négligences émotionnelles, quant à elle, désignent le fait de ne pas prendre en considération les besoins d’amour, d’acceptation, de sécurité et d’estime de soi de l’enfant.
Les négligences parentales ne sont pas des maltraitances actives, dans le sens où l’on ne frappe pas l’enfant, ni n’abuse de lui. Il est donc parfois difficile de prendre conscience que nous sommes négligeant(e) avec notre enfant. Néanmoins, elles constituent une atteinte au niveau de ses besoins élémentaires. Ne pas les prendre en compte est une forme de violence.
Les facteurs aggravants
Certains facteurs liés aux conditions dans lesquelles survient la maltraitance la rendent d’autant plus dévastatrice :
- L’âge de l’enfant : plus les mauvais traitements sont commis sur des enfants en bas âge, plus ils perturbent le bon déroulement d’étapes essentielles dans le processus de développement de l’enfant (comme par exemple la structuration du langage). Les dommages causés peuvent alors être irréversibles.
- La durée et la fréquence : plus les mauvais traitements sont infligés avec régularité et sur une longue durée, plus l’impact sur la vie et le développement de l’enfant est lourd.
- La relation entre l’agresseur(e) et l’enfant : plus proche est l’agresseur(e) (parent ou autre personne issue du cercle familial notamment), plus le vécu est traumatique et impactant.
Comment agir si je suis témoin de violences envers un enfant ?
Si vous êtes témoin de violences envers un enfant : appelez le 119
C’est le numéro national pour l’enfance en danger ou en risque de l’être. Vous pouvez aussi demander simplement un conseil si vous n’êtes pas sûr.
Le 119 est :
- Gratuit et confidentiel
- Disponible 24h/24 et 7j/7
- Invisible sur les relevés téléphoniques
- Accessible à tous : adultes, enfants ou adolescents
En ligne, sur www.allo119.gouv.fr, vous trouverez aussi :
- Un tchat en direct pour les jeunes jusqu’à 21 ans
- Un formulaire sécurisé pour les adultes qui veulent signaler une situation
- Une plateforme en langue des signes (LSF) pour les personnes sourdes ou malentendantes
Le 119 n’est pas seulement un numéro d’alerte : c’est aussi un lieu d’écoute et de conseil. Vous pouvez l’appeler même si vous n’êtes pas sûr de la situation. Signaler, c’est un geste essentiel pour protéger les enfants contre les violences.
La loi oblige toute personne, qu’elle soit tenue au secret professionnel ou non, à signaler une situation de danger ou de maltraitance envers un enfant dont elle a connaissance.
Si vous êtes témoin de violences dans l’espace public, vous devez agir. C’est le rôle de chacun de protéger les plus jeunes. Les violences sont néfastes pour leur développement et surtout illégales. Si vous ne vous sentez pas capables d’intervenir directement, vous pouvez vous référer à l’autorité qui est présente, comme un contrôleur dans les transports ou un policier dans la rue.
Que se passe-t-il lorsque l’on contacte le 119 ?
Les étapes d'un signalement au 119
- Je suis témoin de violences envers un enfant ou j’ai un doute sur une situation
Si je vois un enfant subir des violences (physiques, psychologiques ou sexuelles), ou si je soupçonne des négligences ou des violences j’agis. Même sans certitude, je fais un signalement pour que des professionnels puissent évaluer la situation et protéger l’enfant.
- Je compose contacte le 119 (par téléphone ou en ligne) et je suis mis en relation avec un professionnel
Mon appel est reçu par un(e) professionnel(le), qui vérifie la nature de ma demande et m’oriente, lorsque nécessaire, vers un écoutant spécialisé.
- J’échange avec un(e) écoutant(e) formé(e)
Psychologues, juristes ou travailleurs sociaux, ces professionnels sont formés à repérer les signes de danger. Ils m’écoutent attentivement et posent des questions pour comprendre et évaluer la situation.
- Mon témoignage est analysé, puis transmis si nécessaire
Si un danger ou un risque de danger est identifié, un compte-rendu est rédigé et envoyé à la CRIP (Cellule de Recueil des Informations Préoccupantes) de mon département. Si l’enfant est en danger immédiat, les services d’urgence sont appelés sans attendre pour une intervention immédiate, et la CRIP est immédiatement informée.
- La situation est évaluée par la CRIP
Des professionnels (médecins, travailleurs sociaux, psychologues…) étudient les informations, vérifient la situation et mettent en place, si nécessaire, des mesures de protection.
- La justice peut intervenir
Si la famille refuse toute aide alors que l’enfant est en danger (au sens de l’article 375 du Code Civil), le Parquet est saisi. Le juge des enfants peut ordonner une protection judiciaire.
- Un suivi est assuré auprès du 119
Dans un délai de 3 mois, la CRIP informe le 119 des suites données à chaque situation. Ces données permettent au service d’ajuster et d’améliorer en continu ses réponses.
Cette réponse a été rédigée par l’équipe de la Fondation pour l’Enfance, en s’appuyant sur la campagne de lutte contre les violences faites aux enfants, lancée par le ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles en septembre 2025.