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Je veux apprendre à ne plus utiliser de punitions corporelles (fessées, gifles…) sur mon enfant

Mise à jour le 3 février 2021

Votre situation

Vous êtes parent et vous souhaitez adopter une nouvelle démarche éducative sans punitions corporelles, basée sur le respect mutuel, la bienveillance et la communication positive ? Vous recherchez des conseils pour ne plus avoir recours à la violence avec votre enfant, sans pour autant renoncer à votre autorité ? Vous cherchez des alternatives à la gifle, la fessée ou toute autre attitude violente car vous sentez que cela nuit à votre relation parent-enfant ?

Le rôle de parent peut s’avérer être un challenge au quotidien. Nous savons que certaines attitudes ou certains gestes sont à éviter, mais ne sommes pas toujours conscients du « pourquoi », et surtout, nous ignorons souvent par quoi les remplacer.

Cette fiche vous apporte quelques éléments de réponse pour ne plus recourir à la violence lorsque nous sommes démunis. Vous y trouverez une définition du concept de « parentalité bienveillante », quelques pistes pour engager cette pratique et un extrait des nombreuses ressources existantes pour approfondir votre quête en tant que parent !

La « parentalité bienveillante », c’est quoi ?

La parentalité bienveillante est une démarche éducative qui repose sur une meilleure compréhension des besoins de l’enfant et le respect de ces derniers.

Non pas pour que nous cédions à toutes les envies de nos bambins, mais pour apprendre à répondre à leurs besoins fondamentaux, notamment le besoin de se sentir en sécurité auprès des adultes les plus proches. Comment fonctionnent nos enfants ? Comment communiquent-ils/elles ? Quelles sont les étapes de leur développement ? Autant de questions essentielles qui, une fois éclaircies, nous permettent d’établir une relation parent-enfant de qualité, constructive et enrichissante aussi bien pour eux que pour nous. Réponse que nous pouvons évoquer très succinctement sous l’angle de la pratique de la non-violence éducative.

Il a fallu de nombreuses années avant que la psychologie et les neurosciences ne s’intéressent à la condition des enfants, même si dès le XVIIIème siècle, des chercheurs en éducation nouvelle faisaient apparaître l’enjeu de la bienveillance en éducation (Jean-Jacques Rousseau, Célestin Freinet, Maria Montessori, Léon Tolstoï pour ne citer qu’eux parmi tant d’autres initiateurs d’un éducation nouvelle, préparant les esprits au changement). Les dernières recherches et avancées dans ces domaines ont confirmé leurs travaux et permis de mettre en lumière avec une acuité nouvelle l’impact néfaste que peuvent avoir certains de nos comportements sur nos enfants, et en particulier ce que l’on appelle les « violences éducatives ordinaires » (VEO).

Qu’est-ce que les VEO ?

Les VEO sont tous les comportements violents ou agressifs qui ne sont pas considérés comme des maltraitances par notre société car nous leur imaginons des vertus éducatives.

En effet, nous avons souvent tendance à penser que les VEO, qu’elles soient physiques (fessées, gifles, tapes…) ou psychologiques (cris, menaces, humiliations…), sont nécessaires à l’éducation de nos enfants afin de leur faire comprendre quelles sont les limites à ne pas dépasser. Pour beaucoup d’entre nous, l’éducation a été ponctuée de gifles et de fessées, présentées comme étant méritées et données pour « notre bien ». Accepter de faire autrement, d’appréhender une nouvelle méthode éducative sans violence, c’est aussi accepter que nos parents n’ont pas été parfaits. Ils ont fait avec les connaissances dont ils disposaient et les conventions de l’époque.

Aujourd’hui, l’état des connaissances est tout autre. De nombreux spécialistes de l’enfance, ainsi que de nombreux parents, démontrent au quotidien que non seulement les VEO ne sont pas des solutions, mais qu’elles ralentissent ou détériorent le bon développement de l’enfant.

Finissons-en avec les idées reçues !

« Un parent bienveillant est trop laxiste avec son enfant »

Non, un parent bienveillant, c’est un parent qui écoute, qui communique avec son enfant. Il considère que chaque individu dispose d’une personnalité et d’un caractère qui lui sont propres. Albert Einstein le résumait déjà si bien : “Tout le monde est un génie. Mais si on juge un poisson sur sa capacité à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide”. Un parent bienveillant sait se faire respecter et sait éduquer, tout en gardant son calme. Il/elle adapte elle/lui-même son comportement en apprenant à connaître son enfant.

« Une claque, c’est plus efficace que discuter »

Quelle que soit la situation dans laquelle vous vous trouvez, la violence n’est jamais la solution. En utilisant la violence, même une « petite gifle qui n’a jamais tué personne », vous véhiculez un message dangereux : que les frustrations doivent être extériorisées par ce biais. Vous montrez à votre enfant que la violence est une manière de régler un problème ou un différend. Or, c’est une manière de le/la mener à faire preuve d’encore plus de violence car vous favorisez l’installation d’un cercle vicieux en faisant comprendre qu’il/elle peut également frapper ses camarades, parents, frères et sœurs, si ceux-ci le/la frustrent.

« C’est la seule façon pour que mon enfant retienne la leçon ! »

Si votre réflexe premier est de donner une gifle à votre enfant, vous coupez également toute notion d’échange et de dialogue. Le choc est grand, en effet, et peut arrêter un caprice ou une situation qui dégénère. Mais… et après ? Lorsque vous faites une erreur dans le milieu professionnel, par exemple, n’attendez-vous pas que l’on vous en explique sa nature, plutôt que de vous humilier ou que votre supérieur(e) vous hurle dessus ? C’est la même chose avec  votre enfant, il/elle a besoin de limites et de comprendre en quoi son comportement peut le/la mettre en danger ou affecter les autres.

« Il/elle ne recommencera plus … et ne s’en souviendra pas quand il/elle sera plus grand(e) ! »

Vous êtes la première référence de votre enfant, vous êtes son modèle. En donnant une fessée, ou une claque, vous le convainquez qu’il/elle est mauvais(e) et que vous êtes obligé(e) de le/la frapper pour le corriger. Votre enfant considère alors que cet acte est une manifestation de l’attachement que vous avez l’un(e) envers l’autre… Il/elle s’en souviendra et associera inconsciemment la notion d’amour à cette forme de violence. En frappant, vous lui prouvez aussi que ce n’est pas lâche de frapper plus faible ou vulnérable que soi.

Les conséquences des VEO

Depuis plusieurs années, de nombreux chercheurs analysent les conséquences sur le long terme des VEO.

Trois grandes conséquences à la violence : cela freine le bon développement de votre enfant, a des répercussions physiques et psychiques sur la personne à l’âge adulte et laisse une empreinte sur leur propre descendance.

Consultez ces études ici.

Pourquoi être un parent bienveillant ?

Être un parent bienveillant est bénéfique pour le développement de votre enfant, mais aussi pour vous.

En adoptant ces réflexes et cette attitude, vous construisez votre relation parent-enfant sur des bases plus saines. Le juste milieu entre autoritarisme et laxisme est souvent difficile à trouver, pourtant en devenant un parent bienveillant, vous favorisez grandement le développement d’un environnement stable, sain, serein et harmonieux. La frustration et la colère peuvent parfois entraîner des réactions non-volontaires de violences verbales ou physiques. Être un parent bienveillant, c’est prévenir ce type de situation et trouver des alternatives viables. C’est donc être suffisamment solide pour ne pas réagir à la situation à partir de nos propres émotions. Alors, vous réussirez à mieux gérer les débordements de votre enfant, même si l’on ne peut pas tout prévenir ! Seul l’accueil bienveillant et cadré des comportements excessifs d”un.e enfant peut l’aider à sortir du chaos entraîné par l’émotion, pour l’amener à mettre des mots sur ce qui s’est passé. Ensuite, progressivement votre enfant aura prise sur ses émotions et réactions.

C’est un challenge gagnant-gagnant !

Comment être un parent bienveillant ?

Tout d’abord, être un parent bienveillant ne signifie pas dire “oui” à tout. Pour qu’un enfant se développe normalement et ait des repères, il est important de mettre des limites sans imposer une éducation trop dure.

Une chose est sûre, le respect d’autrui ne s’apprend pas par la violence mais par la communication. N’oubliez pas qu’utiliser la violence avec votre enfant, c’est lui montrer que la violence est une option envisageable pour régler un conflit. Or, le principe de parentalité bienveillante s’attache à la positivité et au dialogue avec l’enfant.

Dans ce domaine, le programme Triple P (Pratiques Parentales Positives) est l’un des plus populaires. Entre conseils comportementaux appliqués aux parents et astuces pour les mettre en pratique, Triple P s’adresse à tous les adultes désireux de repenser leur manière d’élever leurs enfants.

Parmi ces composantes de base, on retrouve :

La création d’un lieu de vie familial

En tant que parent, vous pouvez faire votre possible pour offrir à votre enfant un environnement sûr, qui réduit les risques de blessures, mais qui atténue aussi votre stress. Essayez au maximum de construire un climat familial qui stimulera votre enfant pour qu’il/elle s’épanouisse dans un univers qui l’intéresse.

Rappelez-vous : les enfants qui pratiquent une activité et qui sont curieux font moins de « bêtises » ! Il ne s’agit pas de faire de l’occupationnel mais bien de découvrir vraiment ce que votre enfant aime vivre et ce qui l’intéresse. Lui imposer ce qui vous arrange amènerait à de la violence, alors que vous cherchez à ne plus y avoir recours.

Un environnement d’apprentissage positif

Justement, n’ayez pas peur d’encourager votre enfant à découvrir de nouvelles choses et à l’accompagner dans cette démarche. Toutes les situations quotidiennes sont une opportunité pour apprendre ! Vous êtes son/sa principal(e) éducateur(trice). Votre enfant a aussi beaucoup à vous apprendre si vous savez voir et entendre ce qu’il/elle veut vous faire passer comme message.

Faire preuve de discipline

Garder son calme, et poser des limites est très important pour l’enfant qui a confiance en vous et qui n’attend qu’une chose : savoir ce que l’on attend de lui/elle. Enseigner comment se comporter de manière positive à la maison et en dehors restera l’une des bases solides qu’il/elle gardera toute sa vie. Cela commence dès son plus jeune âge par les actions de vie pratique que vous lui apprenez posément et patiemment. Effectivement, votre enfant a le droit à l’erreur pour s’auto-corriger sans culpabiliser, à la répétition pour affiner ses gestes, à la lenteur de son rythme qui lui est propre.

Avoir des attentes réalistes

Tout comme les adultes, les enfants sont des individus uniques, disposant de personnalités bien affirmées. En communiquant et en cherchant à mieux connaître votre enfant, vous vous assurez de ne pas exiger trop de lui/elle, trop rapidement. Cette tolérance s’applique également aux parents eux-mêmes !

Se rappeler que les enfants ne sont pas de mini-adultes

Il est important de ne pas projeter sur les enfants des attitudes d’adultes. Beaucoup de parents qui font usage des violences corporelles se justifient en invoquant un comportement ou une attitude supposé(e) de l’enfant : « elle me nargue », « il me cherche ». Entre 1 et 3 ans, l’enfant n’a pas encore un cerveau mature, et peut alors exprimer de façon démesurée sa colère, sa tristesse, ses peurs… Les crises sont en réalité des « tempêtes émotionnelles », qui diminuent progressivement vers l’âge de 5 ou 6 ans.

Les caprices, surtout dans la période du « non », s’expliquent aussi par le besoin de s’opposer aux parents pour s’affirmer en tant que sujet. Le bébé se voit longtemps comme étant le centre du monde et il doit découvrir que le désir de l’autre n’est pas forcément le sien.

Et les « bêtises » ? Ne cherchez pas à punir un enfant qui a mal agi sans le faire exprès. Les « bêtises » sont souvent le fruit d’une envie d’expérimenter ou de maladresse, parce que l’enfant est encore trop jeune et manque d’expérience, pour prendre un objet sans le faire tomber par exemple. Parfois, il peut s’agir d’un besoin d’attention de sa part. L’enfant fait une « bêtise » pour vous faire comprendre qu’il/elle a besoin de votre présence et d’affection.

Pensez à vous

Avoir un enfant prend beaucoup de temps et d’énergie, vous ne serez pas un mauvais père ou une mauvaise mère si vous prenez soin de vous. Pour être un parent épanoui, soyez une personne épanouie !

Pour finir, n’hésitez pas à demander de l’aide à votre entourage, à des associations ou à des professionnels car on ne nait pas parent, on le devient.

Apprenez à gérer votre colère et vos émotions

Vous l’avez compris, il est sain d’extérioriser sa colère, qu’elle soit due à votre enfant ou à une toute autre situation.

Pour vous décharger de ce sentiment légitime sans pour autant perdre le contrôle, n’hésitez pas, si vous le pouvez, à vous isoler, sortir, pour crier, pleurer, faire du sport… trouvez une activité physique qui vous donnera le sentiment de “repartir à zéro”. Repérer votre besoins vous aidera à mieux vous contrôler et être moins agressif(ve) dans votre manière de communiquer (« il faut que j’aille travailler » plutôt que « dépêche-toi, on va être en retard », par exemple).

N’hésitez pas également à poser des mots sur votre colère, et à en parler à votre enfant qui a sûrement ressenti vos émotions. Si vous le souhaitez, discutez-en également avec votre conjoint(e) ou vos proches. Surtout, ne culpabilisez pas.

La crise passée, il est très important de savoir s’excuser. Les parents ne sont pas des êtres parfaits. Reconnaître ses fautes, c’est montrer que nous sommes humains et que nous pouvons apprendre de nos erreurs. Il est également nécessaire de se fixer des limites. Que vous en conveniez avec vous-même ou avec votre entourage, faites une liste des comportements que vous ne voulez plus reproduire (crier, frapper…). Autre élément important : votre colère peut vous éloigner de votre enfant durant un moment. Ne soyez pas avare de câlins, ou de moments passés ensemble pour réparer ce moment d’égarement.

Faites comprendre à votre enfant que vous l’aimez, que votre réaction n’a rien à voir avec l’amour que vous lui portez et faites tout pour changer, pour vous et pour lui/elle. Ne restez pas isolé.e. Appelez à l’aide. Autour de vous, vous sentirez les personnes qui peuvent vous soutenir vous et votre enfant. Voisin.e.s, professionnel.le.s de l’enfance, membre.s de votre famille qui comprendront votre démarche. Ne vous en privez pas. Vous aimez aider d’autres, d’autres aiment aussi vous aider. Choisissez ces personnes avec soin.

Des difficultés ? Envie d’approfondir ?

Les sites et ouvrages présentés ci-dessous vous aideront à y voir plus clair :

Sur le site de la Fondation pour l’Enfance 

Le magazine de la parentalité positive

Le site de l’association Discipline Positive

Le magazine Grandir autrement

Le magazine L’enfant et la vie

Sur le site de l’Institut National de Prévention et d’Education à la Santé

Sur le site Apprendre à éduquer

Sur le site du Centre Nascita Montessori du Nord

Ouvrages utiles :

  • La Fessée, Cent questions-réponses sur les châtiments corporels et Oui, la nature humaine est bonne ! d’Olivier Maurel (La Plage)
  • Obtenir sans punir de Christophe Carré (Eyrolles)
  • Oser la bienveillance de Lytta Basset (Albin Michel)
  • L’autorité sans fessées d’Edwige Antier (Robert Laffont)

Ce que dit la loi sur…

Les violences

Les violences ayant entraîné une incapacité de travail inférieure ou égale à huit jours ou n'ayant entraîné aucune incapacité de travail sont punies de 3 ans d'emprisonnement et de 45 000 € d'amende lorsqu'elles sont notamment commises sur un(e) mineur(e) de 15 ans (article 222-13 du Code pénal).

Les violences volontaires n’ayant entraîné aucune incapacité totale de travail sont tout de même punies de l’amende prévue pour les contraventions de la 4e classe (article R624-1 du Code pénal).

La loi interdit et punit l’exercice de violences physiques et morales par les parents sur leurs enfants (article 371-1 du Code civil, articles 222-7 à 222-13, 222-17 et 222-33-2-2 du Code pénal). 

Logo de l'École des Parents et des Éducateurs – Île-de-France

Cette réponse a été rédigée par l’équipe de la Fondation pour l’Enfance. L’École des Parents et des Éducateurs – Île-de-France et Odile Anot, fondatrice des ateliers Parent-Chercheur, coordinatrice d’un centre Nascita et spécialiste Montessori pour les parents, y ont aimablement contribué en faisant part de leurs expertises sur le sujet.